Agir avec nous

image
Nos analyses > L’AOPP : des organisations paysannes, ensemble pour le climat

13 décembre 2019

L’AOPP : des organisations paysannes, ensemble pour le climat

icone

Koutiala, région de Sikasso, au Mali. C’est ici que l’AOPP (Association des Organisations Professionnelles Paysannes) voit le jour en 1995. Le défi est tout de suite ambitieux : réunir sous un même chapeau les organisations paysannes du pays. Le résultat est une mosaïque riche en couleurs : 250 organisations paysannes, de nature et de taille diverses, et 3 millions de paysans maliens. 45% de femmes, 20% de jeunes, l’union fait leur force.

Plusieurs axes de travail

Le plan stratégique de l’association, d’abord, mise sur la dimension agroécologique. Au menu, des formations et des actions de plaidoyer visant à placer l’agroécologie au cœur des programmes de recherche. Cela passe notamment par des alliances tant sur le plan national qu’international.
Ensuite, les membres élaborent ensemble des politiques de développement au profit de la communauté – ils travaillent notamment à la création d’une chaîne de valeur agricole. Pour eux, tout commence par le marché : un produit y est demandé et, grâce au soutien de l’association, les producteurs peuvent satisfaire cette demande, tant au moment de choisir la production qu’à celui d’organiser la commercialisation.
Par ailleurs, les commissions Formation, Fruits et Légumes, Céréales, Coton et Elevage prennent en charge les besoins techniques et économiques des adhérents. Pour ce faire, l’organisation est constamment à la recherche de nouveaux fonds ainsi que de nouveaux partenaires.

Appréhender le changement climatique

À l’AOPP, le changement climatique est abordé sous plusieurs angles. D’abord du point de vue des semences : il faut qu’elles s’adaptent à la sécheresse, aux périodes de ruptures d’eau, qui sont de plus en plus longues. L’association travaille également à l’amélioration de la qualité des sols et à la valorisation de semences millénaires étant à même, selon elle, d’assurer de meilleurs rendements dans un tel contexte.

Capitalisation des pratiques

Son autonomie financière repose sur la capitalisation de ces pratiques : expérimentation, théorisation et diffusion. C’est le cas, par exemple, avec la ferme agroécologique Biton Coulibaly. Elle écoule ses produits dans la capitale, essentiellement une production maraîchère et céréalière : le maïs, notamment, est particulièrement sollicité par l’élevage avicole.
Née en 2015 dans le village de Tandianabougou, à 60 km de Bamako, la ferme ne devient opérationnelle qu’en 2018. À présent, elle emploie trois techniciens et quelques saisonniers : principalement des femmes et jusqu’à 30 pour certaines activités.

La ferme répond aussi bien à l’appel du monde scientifique que du monde rural.
« Elle se veut une vitrine pour les paysans mais aussi pour les chercheurs et les universités : on veut contribuer à la diffusion de pratiques agricoles résilientes face aux aléas climatiques. Cela répond aussi à un enjeu de santé publique : il y a une prise de conscience, les gens veulent des produits sains ». Seydou Tangara, coordinateur de l’AOPP au niveau national

C’est un mariage entre tradition et modernité : le paysan malien sent qu’il va pleuvoir mais suit quand même les prévisions météorologiques. La ferme se veut alors un incubateur d’idées, avec pour mission la conception de techniques assurant une production saine et durable. Ainsi, sous l’égide de l’association, l’agriculture conventionnelle rencontre l’agroécologie : pour l’AOPP, l’articulation des deux est la clé du succès. Les agriculteurs déjà convertis à l’agroécologie accompagnent et soutiennent leurs confrères conventionnels dans la transition agroécologique.

Aujourd’hui, en s’inspirant du modèle de cette ferme, l’AOPP met à disposition des étudiants des parcelles d’application pour un encadrement à la fois scientifique et pratique. L’association mène aussi des actions de terrain, dans les parcelles de production : dans certains cas, il y a beaucoup de sécheresse, dans d’autres beaucoup d’inondations. Dresser un bilan permet une mutualisation et un partage d’expériences entre paysans : dans l’adversité, leurs différences font leur richesse.

Rédaction : Dieyenaba Faye

En savoir plus

Lire le numéro complet du Supporterres consacré au changement climatique (Décembre 2019)

Changement climatique : écoutons les paysans