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1 septembre 2025

Agroécologie et résilience : des solutions rurales pour les déplacés au Burkina Faso et en Éthiopie

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Au Burkina Faso comme en Éthiopie, la crise des déplacés bouleverse la vie de millions de personnes. Plus de 2,1 millions de Burkinabès, soit 10 % de la population, et plus de 4,4 millions d’Éthiopiens ont fui la guerre, l’insécurité ou la sécheresse. Ces mouvements massifs réinventent la géographie des villages, saturent les ressources naturelles et mettent l’agriculture à rude épreuve dans les régions où s’amassent les déplacés. Selon la FAO, l’accès à la terre, la raréfaction de l’eau et l’insécurité alimentaire comptent parmi les défis majeurs que pose cette situation. Au Burkina, 37 % des déplacés souffrent de faim aiguë et en Éthiopie, de nombreux agriculteurs se trouvent privés de leurs moyens de production. Mais divers mouvements locaux mobilisent l’agroécologie pour leur venir en aide.

nos partenaires APIL & PELUM : restaurer des vies par la terre et la solidarité

Au Burkina Faso, l’Association pour la Promotion des Initiatives Locales (APIL), partenaire de Humundi, a fait de l’accueil et de la réinsertion des déplacés sa priorité. Face à des familles qui ont tout perdu, APIL propose des formations à l’agroécologie et de l’accompagnement permettant aux communautés déplacées de se reconstruire. Un terrain de 7 hectares attend par exemple d’être mis en valeur pour permettre à davantage de familles déplacées de se relancer dans l’agriculture.

Quant aux plaines et montagnes d’Éthiopie, le réseau PELUM, également partenaire de Humundi, rassemble ONG et organisations paysannes autour d’une conviction : la solidarité et l’agroécologie sont les meilleures armes contre l’exclusion. PELUM facilite la création de parcelles communautaires agroécologiques dans les zones de déplacement et encourage la mutualisation des ressources (semences, compost, outils), l’apprentissage entre pairs et l’innovation locale. Les déplacés, éloignés de leurs champs d’origine, trouvent ici un terrain d’action collectif, où la diversité alimentaire est préservée malgré la précarité du quotidien.

L’agroécologie, vecteur de résilience

Voix du Sud Copyright Humundi 2 - : Agroécologie et résilience : des solutions rurales pour les déplacés au Burkina Faso et en Éthiopie

Les deux organisations partagent une même philosophie, celle de rendre les personnes déplacées actrices de leur propre relèvement grâce à l’agroécologie et au collectif. Comme le note Hailu Araya, directeur de PELUM Ethiopia, « l’agroécologie, ce n’est pas seulement de l’agriculture. C’est un partage de connaissances, un partage culturel, un capital social d’amélioration ». Par ailleurs, le gouvernement éthiopien observe que les pratiquants de l’agroécologie sont plus résilients que les autres agriculteurs. Au Burkina Faso, Aminata Diallo, présidente de l’association d’éleveurs ANDAL & PINAL, pose le même constat : « l’agroécologie permet aux déplacés de reconstruire des moyens d’existence durables, même dans des zones où les terres sont pauvres et dégradées ».

En leur permettant de cultiver avec peu de moyens, de valoriser des terres souvent dégradées et de recouvrer leur autonomie alimentaire, l’agroécologie offre aux déplacés internes bien plus qu’une simple production agricole. Grâce à la diversification des cultures et à la transformation locale, elle génère aussi des revenus sur les marchés. En impliquant déplacés et communautés hôtes dans des projets collectifs, elle réduit les tensions et renforce la résilience face aux crises. C’est donc un levier concret de survie, de dignité et d’avenir.

Les femmes, principales oubliées…

Au coeur de ces initiatives agroécologiques, les femmes apparaissent comme des piliers incontournables de la
résilience et du renouveau. Que ce soit dans les villages d’accueil ou sur les parcelles communautaires, elles s’impliquent dans la gestion des espaces cultivés et la transmission des savoirs. Souvent premières touchées par l’exil et la précarité, elles deviennent également premières actrices de la reconstruction, en garantissant
la sécurité alimentaire de leur famille et en recréant du lien social qui donne un nouvel espoir dans la communauté. « Les femmes sont très vulnérables », souligne Aminata Diallo, « et il est important que nous nous penchions sur l’accompagnement de celles qui entretiennent les jardins nutritifs. Il faut les aider à développer ce type d’agriculture familiale qui permet à la famille de bien se nourrir et qui permet à la femme d’avoir des revenus pour vraiment se prendre en charge de façon digne ».

L’agroécologie comme horizon

Les associations comme APIL et PELUM prouvent ainsi chaque jour que l’agroécologie peut transformer la vie de familles déplacées. La terre redevient un socle, l’apprentissage un moteur, la solidarité une évidence. Comme nous le confie Hailu Araya, « l’agroécologie, ce n’est pas qu’une question de technique, c’est avant tout une manière de reconstruire sa dignité et de retisser du lien ».

Rédaction : Erika Faillaci (Volontaire)

Supporterres n°33