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Crédits carbone : une fausse solution qui menace les droits des communautés paysannes

30 septembre 2025

Crédits carbone : une fausse solution qui menace les droits des communautés paysannes

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Alors que l’Union européenne révise sa loi sur le climat pour intégrer un nouvel objectif à l’horizon 2040, la tentation de recourir aux marchés internationaux du carbone se renforce. Derrière cette apparente flexibilité se cache une menace réelle pour les communautés paysannes et autochtones, ainsi qu’un risque d’affaiblir l’ambition climatique européenne.

Une externalisation des responsabilités climatiques

La proposition de la Commission européenne, déposée en juillet 2025, vise une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Mais pour y parvenir, elle autorise les États membres à recourir aux marchés du carbone internationaux, c’est-à-dire à comptabiliser des réductions ou séquestrations d’émissions réalisées en dehors des frontières européennes.
Cette logique revient à externaliser la responsabilité climatique de l’Europe, au lieu d’assumer pleinement son rôle historique d’émettrice majeure de gaz à effet de serre.

Les dangers des marchés du carbone

Ces dispositifs présentent des failles majeures :

  • Manque d’efficacité réelle : acheter un crédit ne réduit pas les émissions globales, il déplace simplement l’effort.
  • Instabilité des puits de carbone : une forêt plantée peut disparaître avec un incendie ou un changement d’usage des terres.
  • Surévaluation des projets : de nombreux crédits affichent un impact largement supérieur à la réalité mesurée.
  • Accaparement des terres : la mise en place de projets de reforestation ou de cultures à grande échelle entraîne des conflits d’usage, fragilisant la fonction nourricière des terres.
  • Violations des droits humains : de nombreuses communautés paysannes et autochtones ont déjà été expulsées ou privées d’accès à leurs terres dans le cadre de projets de compensation carbone.

Quand le climat devient un prétexte à l’accaparement des terres

L’accaparement « vert » représente déjà près de 20 % des transactions foncières mondiales. En Afrique, en Asie et en Amérique latine, de vastes surfaces sont cédées à des acteurs privés ou institutionnels pour générer des crédits carbone, au détriment des communautés locales. Ces projets, souvent présentés comme des solutions environnementales, aggravent les inégalités et menacent directement la sécurité alimentaire mondiale.

Ce que Humundi recommande 

Face à cette situation, Humundi appelle l’Union européenne et la Belgique à :

  • Fixer un objectif climatique domestique ambitieux pour 2040, avec une réduction d’au moins 90 % des émissions brutes par rapport à 1990, sans recours aux marchés du carbone.
  • Exclure le secteur des terres des mécanismes de marché prévus par l’Accord de Paris.
  • Soutenir, à la hauteur de leurs responsabilités historiques et actuelles, les efforts d’atténuation et d’adaptation des pays du Sud en augmentant la finance climatique internationale, en favorisant le transfert des technologies ainsi que le renforcement des capacités.

En conclusion

Les marchés internationaux du carbone ne constituent pas une véritable réponse à l’urgence climatique. Ils déplacent le problème au lieu de le résoudre, en augmentant les risques pour les droits des paysannes, paysans et des peuples autochtones. L’Europe doit assumer sa responsabilité historique, réduire ses émissions sur son propre territoire et soutenir les communautés les plus vulnérables à travers une coopération internationale juste et équitable.

Télécharger l’étude complète