29 septembre 2025
Changement climatique : comment agir concrètement en soutenant l’agriculture durable
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10 novembre 2025
Alors que s’ouvre aujourd’hui la COP30 à Belem(Brésil), Humundi porte un message clair: il n’y aura pas de justice climatique sans soutien aux paysannes et aux paysans.
Dans un monde où les plus gros pollueurs demeurent les moins touchés, les communautés rurales du Sud global subissent de plein fouet les conséquences d’une crise climatique dont elles ne sont pas responsables. Pourtant, elles détiennent une partie essentielle des solutions.
À travers ses actions, Humundi veut faire entendre leur voix et appelle à une transition juste des systèmes alimentaires, condition indispensable d’une réponse acceptable à la crise climatique.
Les chiffres sont sans appel : les pays les plus riches, qui regroupent à peine 15 % de la population mondiale, sont responsables 55% des émissions historiques de gaz à effet de serre et de 37 % des émissions actuelles1. Dans le même temps, les 1 % les plus riches polluent bien davantage que la moitié la plus pauvre de l’humanité2.
Les systèmes alimentaires industriels jouent un rôle central dans cette dérive: ils représentent un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), consomment 15 % des énergies fossiles et 40 % des produits issus de la pétrochimie3. À l’autre bout de la chaîne, ce sont les petits producteurs et productrices qui en paient le prix fort.
Dans le monde, 80 % des agricultrices et agriculteurs cultivent moins de deux hectares4. Ces producteur·rice·s, majoritairement situés dans les pays du Sud, appartiennent aux 50 % les plus pauvres dont la contribution totale aux émissions mondiales ne dépasse pas 8 %.
Le continent africain, responsable de seulement 4 % des émissions mondiales5 pour 19% de la population mondiale, concentre déjà les effets les plus sévères du dérèglement climatique : sécheresses, inondation, baisse des rendements, insécurité alimentaire.
C’est une injustice profonde : celles et ceux qui ont le moins contribué à la crise en subissent aujourd’hui les plus lourdes conséquences — à commencer par les paysan·ne·s, comme María Villanueva, productrice de Chinchaya en Bolivie.

« Avant, il faisait froid dans la communauté et nous avions de l’eau pour nos cultures. Aujourd’hui, avec la chaleur et la sécheresse, tout a changé.
Nous nous disputons pour l’eau, nous devons sortir arroser nos champs au milieu de la nuit pour ne pas perdre nos légumes. J’ai planté cette année du chou, des carottes, de la laitue et de la coriandre, mais comme il n’y a pas assez d’eau, seuls quelques-uns ont poussé. Le prix des semences augmente, mais à cause du manque d’eau, beaucoup ne germent plus. » .
Malgré l’urgence, seulement 3 % de la finance climatique mondiale est consacrée aux systèmes alimentaires — et à peine 0,4 % soutient l’agriculture de petite échelle6. C’est dérisoire, alors que ces agricultures représentent le socle de la sécurité alimentaire mondiale.
Les mécanismes existants, tels que le Sharm el Sheikh Joint Work on Agriculture, progressent trop lentement. Pourtant, ce cadre a permis à plusieurs États, notamment africains, de défendre l’agroécologie comme levier de transformation.
Humundi défend cette conviction : l’agroécologie est une voie d’avenir, capable de répondre simultanément aux défis climatiques, sociaux et environnementaux.
Bien plus qu’une technique, c’est une manière de vivre la terre autrement, fondée sur la solidarité, la transmission et le respect du vivant. En régénérant les sols, elle réduit les émissions, renforce la résilience face aux chocs climatiques, préserve la biodiversité et garantit une alimentation saine et durable. Elle contribue aussi à l’égalité entre les femmes et les hommes, en valorisant le rôle central des agricultrices dans les systèmes alimentaires.
Mais au-delà des principes, ce sont les paysan·ne·s eux-mêmes qui en font la preuve chaque jour.
« Nous semons la diversité : des variétés locales robustes face aux sécheresses et aux inondations.
Cela nous permet de tenir bon, même lorsque le climat se déchaîne. »
— Agricultrice au Sénégal, soutenue par un projet Humundi
Les solutions existent déjà sur le terrain, portées par celles et ceux qui nourrissent leurs communautés tout en régénérant la terre. Financer l’agroécologie, c’est investir dans une transition juste, durable et profondément humaine.
Du 10 au 22 novembre, les négociations climatiques se tiennent à Belém, au Brésil, sous la présidence d’un pays qui a inscrit le droit à l’alimentation dans sa Constitution. La COP30 doit être plus qu’un rendez-vous symbolique : elle doit marquer un tournant concret vers une justice climatique.
« Les paysannes et paysans sont frappés par l’injustice climatique, mais ils sont également au cœur de la solution. Ils doivent être pleinement inclus dans les négociations climatiques », déclare François Grenade, responsable du plaidoyer Humundi.
Premières victimes du dérèglement climatique, les paysannes et paysans du Sud global en subissent les effets de plein fouet, alors même qu’ils et elles nourrissent le monde et portent des solutions durables pour l’avenir.
Humundi appelle la communauté internationale à inscrire la transformation des systèmes alimentaires au cœur du Belém Action Mechanism for Just Transition, à augmenter les flux de financement climatique orientés vers l’agriculture de petite surface, à reconnaître le rôle central des petites exploitations à travers des indicateurs d’adaptation pertinents, et à renforcer les synergies entre les Conventions de Rio pour sortir des approches en silo. Cette transition ne pourra être juste et durable sans une sortie programmée des énergies fossiles, indispensable à un avenir viable.
Humundi continuera de porter la voix et les solutions du monde paysan, pour que la transition climatique soit enfin juste, durable et inclusive.
Sources
3 https://ipes-food.org/report-summary/fuel-to-fork/
4 Lowder & al, 2021, https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0305750X15002703
5 https://www.nature.com/articles/d44148-025-00352-6
6 https://climatefocus.com/wp-content/uploads/2024/11/ga_climatefinancereport_2024.pdf