12 novembre 2025
Le Festival AlimenTerre : cap sur l’Afrique !
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12 novembre 2025
Environ 40% des sols de la planète sont dégradés, ce qui affecte directement la moitié de la population humaine. Sécheresses du lac Tchad, inondations records au Bangladesh, vagues de chaleur en Belgique : les conséquences du changement climatique sont visibles partout. Mais pour répondre à ces défis, l’agroécologie offre des solutions concrètes par rapport à l’agriculture conventionnelle, tant au Nord qu’au Sud.
Le changement climatique aggrave des situations déjà critiques. Au Bangladesh, les inondations de 2024 ont touché 5,6 millions de personnes, les pires que l’est du pays ait connues depuis 34 ans. Le réchauffement climatique augmente la fréquence et l’intensité des pluies de mousson et le pays doit également faire face aux défis de la salinisation des sols.
En Afrique, dans les zones rurales autour du bassin du lac Tchad, 80 % des ménages vivent de l’agriculture. Mais les sécheresses et l’insécurité alimentaire, mêlées aux violences liées aux conflits et à la présence de groupes armés dans la région, menacent leur survie. L’Europe, quant à elle, n’est pas épargnée : la montée des températures dans plusieurs pays provoque sécheresses et feux de forêt – 62 % de la population est aujourd’hui exposée à des risques climatiques élevés.
Face à ces bouleversements, les pratiques agroécologiques présentent un plus haut taux de résilience climatique que l’agriculture conventionnelle. Au Bangladesh par exemple, des projets agroécologiques qui incluent un système d’agroforesterie fruitière permettent de mieux gérer le drainage et la gestion de l’eau, tout en offrant une diversification alimentaire aux familles locales.
Au lac Tchad, c’est le même constat : le projet RESILAC offre des formations agroécologiques et mène des projets de restauration des terres et d’insertion socio-économique. Grâce à des techniques simples de culture (comme les demi-lunes et les cordons pierreux), les sols sont progressivement restaurés, les rendements augmentent et les populations récupèrent des parcelles pour se nourrir.
Mahamat Adam Tchari, cultivateur de maïs, en témoigne : « Par le passé, il nous était impossible de faire du maraîchage dans de grandes superficies. Mais depuis, grâce à l’installation du système d’irrigation solaire qui fait jaillir de l’eau à tout moment, nous avons réussi à faire du maraîchage sur plus de 4 hectares ! ».
Loin des zones tropicales, les régions belges subissent aussi les conséquences. Sécheresses et vagues de chaleur s’intensifient. L’année 2022 a été, avec 2020, l’année la plus chaude jamais enregistrée en Belgique. En réponse, à la Cidrerie des Terres de Crompechine, Frédéric de Baere et Cédric Guillaume cultivent des vergers haute tige en circuit court, dans un système qui optimise l’usage de l’eau, réduit les intrants et favorise la biodiversité. Les variétés des pommes anciennes choisies sont adaptées aux sols et au climat de la région. Elles permettent de produire un cidre typique du terroir, autrefois issus des vergers basse tige. Comme l’explique Cédric, « planter des bandes d’arbres fruitiers dans une pente, ça retient les eaux, et les racines de l’arbre vont permettre de drainer. Ça fait aussi office de brise-vents pour protéger les cultures ».
Plus les années passent, plus la nécessité de l’agroécologie s’impose comme une évidence. Les fermes agroécologiques dépendent moins d’intrants chimiques, gèrent mieux leurs ressources naturelles et sont souvent plus riches en biodiversité. C’est notamment ce qui les rend plus résistantes face aux aléas climatiques : elles subissent moins de pertes en cas de sécheresse ou d’inondation, rebondissent plus facilement, et mettent en œuvre des techniques de restauration efficaces. L’agroécologie montre ainsi qu’il est possible de répondre aux dérèglements globaux avec des solutions locales, enracinées dans les territoires.
Rédaction Giulia Georg, volontaire pour Humundi.
Supporterres n°33