Des étals saturés de produits ultra-transformés venus d’ailleurs : cette réalité s’impose désormais dans de nombreuses villes africaines. Face à la mondialisation alimentaire, le Sénégal se retrouve confronté à une vague de malbouffe importée qui, sous ses allures de modernité accessible et bon marché, transforme insidieusement les habitudes alimentaires, menace la santé publique et relègue les produits locaux au second plan.

Un fléau sanitaire aux racines économiques

Aujourd’hui, des maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, l’hypertension artérielle, le diabète ou l’obésité s’enracinent en Afrique de l’Ouest, révélant le coût caché de la dépendance aux importations alimentaires. Car sous couvert de l’argument de la sécurité alimentaire, la politique commerciale libérale favorise l’importation massive de denrées à faible valeur nutritionnelle. Cette domination du commerce international fragilise les petits producteurs locaux, érode la diversité alimentaire et accélère l’homogénéisation des goûts.

CICODEV Afrique : sentinelle de la citoyenneté alimentaire

Dans ce contexte, l’Institut Panafricain pour la Citoyenneté, les Consommateurs et le Développement (CICODEV Afrique) s’impose comme un acteur majeur de la citoyenneté active. Cette organisation de défense des consommateurs mène depuis des années des actions pour garantir l’accès aux services sociaux de base, notamment pour les plus vulnérables.

L’organisation ne cesse en effet d’alerter sur les conséquences sanitaires de ces produits « low cost » importés, mettant en lumière les défis de l’ensemble des acteurs du système alimentaire : producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs et gestionnaires de déchets. CICODEV dénonce également la fragilisation des filières agricoles sénégalaises. C’est la raison pour laquelle l’organisation mène des campagnes de sensibilisation et d’éveil citoyen autour de la nécessité de consommer des produits locaux, sains et nutritifs.

Attaquer la malbouffe importée sur tous les fronts

Pour contrer la malbouffe industrielle, CICODEV s’engage résolument dans le développement et la promotion des productions locales – et ce en procédant sur différents fronts. Tout d’abord, sur le terrain, l’association organise des ateliers participatifs et forme les femmes à la production agroécologique, tout en essayant de renforcer la visibilité des produits locaux sur les marchés. L’objectif : améliorer l’accès aux aliments sains dans les villes tout en restaurant la confiance des consommateurs envers les produits du terroir. Ensuite, CICODEV travaille également sur la dimension politique du problème en plaidant pour des politiques publiques qui soutiennent la valorisation des productions locales et le renforcement de la souveraineté alimentaire du pays.

Enfin, l’un des rôles fondamentaux de CICODEV réside dans sa fonction de porte-voix des citoyens. L’organisation multiplie les campagnes d’information, diffuse des outils pédagogiques adaptés aux écoles et aux communautés, et anime des débats publics avec les autorités locales et les décideurs nationaux. Ce travail contribue à une véritable « appropriation citoyenne » de la question alimentaire, encourageant chacun à repenser ses choix de consommation pour soutenir l’économie locale et préserver sa santé. La dimension participative demeure au cœur de cette démarche : chaque projet est mis en œuvre en concertation avec les bénéficiaires et les communautés concernées.

Une vision pour demain

En plaçant la promotion de la consommation locale au centre de son action, CICODEV trace ainsi la voie d’une transition alimentaire ambitieuse. Son combat s’appuie sur une vision claire : « des citoyens actifs et des consommateurs avertis pour un développement durable ». Dans ce modèle, chaque citoyen, chaque producteur, chaque décideur devient acteur d’un système alimentaire renouvelé. Comme le déclare Amadou Kanoute, directeur exécutif de CICODEV Afrique, « le pari de CICODEV est de faire de la fierté du terroir et de la solidarité citoyenne les meilleurs remparts contre l’invasion de la malbouffe importée ».

Rédaction : Dieyenaba Faye (volontaire pour Humundi) et Amadou Kanoute (directeur exécutif de CICODEV Afrique)

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