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De nombreuses études démontrent les effets négatifs des pesticides sur la santé humaine, en particulier sur celle des agricultrices et des agriculteurs. Mais heureusement, des alternatives se développent et font leurs preuves aux quatre coins du monde.
Dans une vaste étude publiée en France en 2021 par l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), un lien étroit entre l’exposition aux pesticides et certaines maladies est démontré. Rappelons que les pesticides (herbicides, insecticides, fongicides) sont des produits destinés à détruire des organismes tels que des insectes, des champignons, des végétaux. Les pesticides sont donc, par nature, toxiques pour le vivant. Toujours selon l’étude de l’INSERM, les agriculteurs régulièrement exposés aux pesticides présentent un risque accru de développer diverses pathologies : cancers, maladie de Parkinson, troubles cognitifs ou maladies respiratoires. Face à ces constats, des associations se mobilisent à travers le monde pour une agriculture saine, sans pesticides.
Voici des décennies que les alternatives à l’agrochimie fleurissent et font leurs preuves. Au Mali, par exemple,
l’Association Malienne pour la Solidarité et le Développement (AMSD) a mis en place un Système Participatif de Garantie (SPG) pour certifier les produits biologiques et encourager leur consommation : le SPG « Bio Local ». « Il s’agit d’un modèle alternatif de certification adapté au contexte local », explique Hamidou A Diawara, président de l’AMSD. « Au Mali, les productrices et les producteurs locaux n’ont pas toujours les moyens d’accéder aux certifications biologiques qui sont souvent coûteuses.
Le SPG Bio Local permet alors à tous, y compris aux plus petits, de bénéficier d’un label reconnu pour la vente de leurs produits bio ». Le label est plus facilement accessible grâce à des coûts peu élevés et une simplification administrative, mais les agriculteurs restent tenus de respecter le cahier des charges national basé sur les principes de l’agriculture biologique. À l’heure actuelle, au Mali, 1800 producteurs et productrices sont certifiés par le label SPG Bio Local et plus de 600 sont formés à l’utilisation d’intrants biologiques et à l’agroécologie. Depuis que ce label existe, 450 hectares de plus sont cultivés sans intrants chimiques.
Au Pérou, le Consorcio Agroecológico Peruano (CAP) mène chaque année une campagne percutante contre les pesticides, visant à dénoncer les dangers cachés des résidus de pesticides qui se retrouvent aux abords des champs et dans les aliments. « Le Consortium organise des événements de sensibilisation du public, notamment des marches, des ateliers et des actions de communication dans les médias », explique Cecilia Mendiola, coordinatrice de projets.
Parmi ces évènements de sensibilisation, trois campagnes de collecte des emballages de pesticides ont été organisées dans des champs agricoles. « Un de nos objectifs est de promouvoir des alternatives agroécologiques et d’aider les agriculteurs à adopter des pratiques plus sûres et durables ». Et selon Cécila, ce travail porte ses fruits, car elle constate que les productrices et les producteurs sont de plus en plus nombreux à adopter des pratiques agroécologiques. Parallèlement, le Consortium sensibilise aussi le monde politique pour exiger une réglementation plus stricte et le retrait de certains pesticides du marché péruvien.
Dans le même esprit, l’asbl belge Nature & Progrès mène depuis 2017 la campagne « Vers une Wallonie sans pesticides ». L’asbl organise des rencontres dans des fermes biologiques pour rassembler les agriculteurs et agricultrices bio et conventionnels, les experts et les consommateurs. « Lors de chaque rencontre, des alternatives aux pesticides chimiques de synthèse mises en place par nos producteurs et productrices dans leurs cultures sont présentées. Des experts interviennent également et il y a parfois des démonstrations de matériel », raconte Dounia Tadli, coordinatrice du projet.
Nature & Progrès a également élaboré une série de brochures et vidéos sur les alternatives aux pesticides. Des formations sont proposées au secteur agricole et des colloques sont organisés afin de prolonger les échanges autour des pratiques biologiques. « Pour Nature & Progrès, il est primordial de rassembler les personnes autour d’enjeux communs : notre santé et celle de la terre », souligne Dounia Tadli. « Il faut réfléchir ensemble aux solutions pour prendre soin de nous, de notre alimentation, de notre environnement ».
Rédaction : Ophélie Michelet (volontaire pour Humundi)
Supporterres n°34