16 décembre 2025
Dérégulation à tout-va pour la Commission !
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16 décembre 2025
Depuis le début de son second mandat, la présidente de la Commission européenne dérégule à tous crins : devoir de vigilance, durabilité des entreprises, régulation environnementale… Aujourd’hui, c’est au tour de l’agriculture et de l’alimentation. Septième volet d’une législation, qui fait voler en éclat les maigres avancées du Pacte vert, l’omnibus agriculture et alimentation annonce des reculs sans précédent dans la régulation du marché des pesticides, au détriment de notre santé et de l’environnement.
« Alléger les contraintes pesant sur les entreprises européennes engagées sur la voie de la transition écologique ».
C’est sous ce jargon que la Commission européenne justifie les législations omnibus qui scandent la vie politique européenne, depuis début 2025. Dans le contexte européen, une législation omnibus regroupe, au sein d’un même texte, plusieurs réformes ou modifications de lois existantes, afin d’en accélérer l’adoption. Si le premier mandat de Ursula von der Leyen était orienté vers l’accélération de la transition écologique, le second est de toute évidence un rétropédalage à des fins de compétitivité des entreprises.
Le 16 décembre 2025, la Commission publie le septième paquet législatif relatif à l’agriculture et l’alimentation. Cette législation implique un réel changement de paradigme, dans la façon dont la Commission régule les pesticides dans l’UE.
Tout d’abord, ce paquet législatif permettrait aux entreprises d’obtenir des autorisations à vie pour les substances actives qu’elles déposent auprès de l’autorité compétente. Dans le système actuel, ces autorisations sont données pour une période de 10 à 15 ans, ce qui permet de retirer du marché les substances les plus dangereuses lors des réévaluations. Donner des autorisations sans limite de temps, c’est donner un permis de polluer à vie aux entreprises sous le prétexte d’améliorer leur compétitivité.
Ensuite, le paquet omnibus permet aux États membres européens de ne pas se baser sur les études scientifiques indépendantes les plus récentes pour évaluer la mise sur le marché nationale des pesticides. Cette dérégulation pourrait éviter de prendre en compte les dernières avancées scientifiques qui contrediraient les intérêts industriels. Un scandale quand on sait que l’étude qui fait référence pour juger du caractère cancérigène du glyphosate de Monsanto – le pesticide le plus utilisé au monde – vient d’être désavoué par la revue scientifique 25 ans après sa publication[1].
Enfin, l’interdiction d’un pesticide n’est pas immédiate : une période de grâce de 18 mois permet encore sa commercialisation sur le marché. Mais la Commission prévoit de doubler cette période et de la passer à 3 ans. Une menace supplémentaire pour la santé humaine et l’environnement, avec pour seule justification la perpétuation des profits de quelques entreprises de l’agrochimie.
Face à ce recul sans précédent pour la santé de la population et de l’environnement, la mobilisation citoyenne est indispensable. Médecins, scientifiques, ONG, citoyens et citoyennes tirent la sonnette d’alarme.
Soutenir les initiatives de la société civile, interpeller les responsables politiques et défendre une agriculture sans pesticides dangereux est un levier concret pour protéger notre santé et nos systèmes alimentaires.
Maintenir et renforcer les efforts de suivi et de contrôle pour réduire l’utilisation des pesticides, c’est garantir plus de durabilité dans nos systèmes alimentaires !
[1] « Glyphosate : l’une des plus influentes études garantes de la sûreté de l’herbicide rétractée, vingt-cinq ans après sa publication », Le Monde, 3 décembre 2025.