16 avril 2025
Quand la tech booste les récoltes en RDC
Lire la suite27 septembre 2018
Au Sénégal, la victoire de Dodel est le résultat d’une articulation entre une mobilisation et un travail de plaidoyer. Une histoire que j’ai eu la chance de découvrir aux côtés de ceux qui l’ont vécue et gagnée.
Le 24 mars 2017, la société anonyme de droit marocain AFRI Partners signe un protocole d’accord à Dakar avec les maires des communes de Dodel et Demette, situées au Nord du Sénégal, pour un montant de 2 milliards de francs CFA (environ 3.050.000 euros). En contrepartie, les communes mettent à disposition 10.000 hectares pour la réalisation d’un projet agroindustriel pour une durée de 40 ans.
Un Collectif se met en place porté par quelques leaders des villages impactés. Originaire de la zone, Mamadou Sakho en devient le chef d’orchestre et coordonne la mobilisation. Entre mars et juin, le Collectif sensibilise les 23 villages concernés. Ensemble, ils adressent une lettre pour signifier leur opposition au projet à tous les niveaux de pouvoir. En juin, un huissier est dépêché pour constater des vices de procédures du protocole d’accord. En parallèle, une marche de protestation est organisée le 6 juillet avec la remise d’un mémorandum aux autorités locales.
Le Collectif fait aussi appel aux services d’un avocat. Ce dernier introduit un recours en annulation et démontre que l’attribution foncière ne cadre ni avec les instruments internationaux, ni avec le dispositif juridique national basé sur trois faits :
les personnes concernées n’ont pas accès à l’information et ne sont pas consultées ;
les terres font déjà l’objet d’une appropriation coutumière ou foncière,
les personnes consultées n’ont pas donné leur consentement.
Les impacts du projet sont aussi pointés du doigt : 12 villages perdent leur patrimoine foncier, soit 36.000 paysans qui perdent leur terre sans aucune compensation.
La riposte s’organise, le Collectif mobilise la diaspora et la presse. Chaque relais médiatique est un nouveau coup porté à AFRI Partners.
En novembre, le Collectif organise un forum. 2500 personnes scandent : « Marocain, ne touche pas à nos terres ».
Le 3 décembre, leur vœu est entendu : le Président annule le projet.
L’histoire finit bien. Elle illustre magnifiquement le pouvoir de mobilisation où l’intérêt collectif prime encore sur l’intérêt individuel. En tout cas, pour cette fois.
Clémentine Rasquin
Retrouvez le reportage complet dans l’édition annuelle 2018-2019 du Défis Sud.
Cet article est tiré du Supporterres n°5 de septembre 2018 « Sans terre, pas de paysans ! » Pour en savoir plus l’accès et l’accaparement de terres, consultez le numéro complet.