Agir avec nous

image
Nos articles > Avec la FONGS, résilience rurale et action politique au Sénégal

16 mars 2021

Avec la FONGS, résilience rurale et action politique au Sénégal

icone

Dédiée à l’appui et l’accompagnement des exploitations familiales, la FONGS (Fédération des Organisations Non-Gouvernementales du Sénégal) constitue l’une des plus anciennes et des plus importantes organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest.

Touchant presque deux millions de personnes, ses activités combinent appui technique et économique des agriculteurs familiaux et actions de plaidoyer. Comme le constate Abdou Hadji Badji, son Secrétaire général, « l’accompagnement des exploitations familiales est un poumon essentiel pour la FONGS et ce qui a permis sa mise en valeur auprès de ses partenaires. Mais c’est aussi l’action politique qui l’a amené là où elle est aujourd´hui ».

UNE DOUBLE VOCATION HISTORIQUE : APPUI PAYSAN ET ACTION POLITIQUE

Depuis sa création en 1976, la FONGS poursuit un but clair : la création d’un mouvement paysan et la défense des intérêts des exploitations familiales. Au début, cela s’est traduit par la création de différentes commissions : communication, formation et appui, promotion  féminine et cultures et développement, qui a permis d’aller au cœur des exploitations.

Dans les années 1990-2000, elle se lance dans un changement d’échelle et, à partir de 2002, adopte une conception plus politique de l’économie au bénéfice des agriculteurs. « Une application de cette conception durable et solidaire de l’économie est le projet de relocalisation de la production de céréales de qualité rassemblant 150 familles » explique Sow Yaye Mbayang Touré, Appui technique à la FONGS. « Toute la chaine de valeur est construite dans la localité : la production des céréales à travers des pratiques agroécologiques, la transformation et la vente ». « Le but est de produire ce qu’on mange et aussi de relocaliser le flux d’argent afin qu’il profite aux populations locales » complète Abdou Hadji Badji.

Dans les années 2002-2010, des réflexions ont donné lieu à une étude visant à répondre à une question ambitieuse : comment les exploitations familiales peuvent-elles nourrir le Sénégal ? Le résultat ? « Une typologie des exploitations familiales en fonction de leur capacité à nourrir le pays, explique Abdou Hadji Badji. Il y a ainsi quatre types d’exploitations familiales allant de celles capables de se nourrir entre 1 et 3 mois à celles qui ont un surplus de production qu’elles commercialisent. » Cette classification permet de mieux cibler l’action : « la FONGS cible spécifiquement les deux types intermédiaires,  là où ses activités peuvent amener à un changement », précise-t-il.

Cette typologie a également une fonction de plaidoyer : « la définition des besoins particuliers pour chaque type a montré à l’Etat qu’il ne faut pas faire des programmes généraux pour les exploitations familiales, explique Sow Yaye Mbayang Touré. Il faut des appuis spécifiques. »

LA RÉSILIENCE COMME PILIER, L’APPUI TECHNIQUE POUR ALLER PLUS LOIN

Aujourd’hui, la FONGS s’adapte pour répondre aux nouveaux besoins des agriculteurs. Par exemple, « en 2020, elle a accompagné 300 à 400 exploitations familiales dans la transition agroécologique à travers un suivi et des visites d’échange de bonnes pratiques par des animateurs préalablement formés. Elle a également formé 180 femmes maraîchères à avoir des systèmes de production et de nutrition plus durables » illustre Sow Yaye Mbayang Touré.

Face aux crises, le rôle de la FONGS est clair : « il faut créer des conditions de résilience. » Car, pour Abdou Hadji Badji, « il n’est pas question que d’une seule crise donc par rapport à l’appui apporté par la FONGS, l’idée est simple : quand les familles se nourrissent bien et suffisamment, elles sont plus résilientes. »

Et dans un futur proche ? « Pour aller plus loin, il faut un soutien technique qui ne peut se faire qu’à travers l’administration. La production de connaissances et le suivi des exploitations familiales par la FONGS l’a rendu visible auprès de l’État. Au niveau du département, on pourrait mobiliser les savoirs techniques et les institutions pour fournir un service de qualité aux paysans. »

« L’action politique et le mouvement paysan de la FONGS ont permis un renforcement institutionnel des organisations paysannes de base »
Abdou Hadji Badji.

Au Sénégal, la FONGS a été pionnière dans sa façon de faire, renforçant des approches similaires, au-delà des exploitations agro-sylvo-pastorales, à travers le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR). La FONGS a aussi favorisé la construction et la structuration du mouvement paysan au-delà du Sénégal. Ainsi, par exemple, « elle a contribué à l’émergence de l’université paysanne du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest » rappelle Abdou Hadji Badji.

Rédactrice : Julia Gallardo Gomez, volontaire

LA FONGS EN CHIFFRES :

icone

31

associations membres

icone

3000

groupements villageois

icone

12000

membres actifs dans des exploitations agro-sylvo-pastorales

Cet article est tiré du Supporterres n°15 de mars 2021 « Organisations paysannes, l’union fait la force! »