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20 décembre 2021

Climat, faim et jeunesse, trois défis à relever

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Aller au Sénégal, c’était aussi l’occasion pour moi d’échanger plus longuement avec mon collègue Pape Assane Diop, responsable de notre antenne, que je n’avais vu, en tout et pour tout, qu’une dizaine de fois et presque toujours par écran interposé. Assis dans une cour ombragée et habitée d’une nuée d’oiseaux, dans la (presque) fraîcheur du matin des bords du fleuve Sénégal, il m’a parlé du changement climatique, de la sécurité alimentaire ou encore de la situation des jeunes dans son pays.

Comment se manifeste le changement climatique ici au Sénégal ?

Ici, le changement climatique se manifeste diversement selon les zones. Le nord du Bassin arachidier, c’est-à-dire Louga et Thiès, est l’un des endroits où il est le plus visible : on peut facilement avoir des rendements agricoles autour de 300 kg/ha, ce qui est peu. Et ça se ressent fortement dans les familles rurales. Ailleurs, il se manifeste par la salinité des sols et donc l’abandon des terres par les paysans. Dans d’autres zones encore, on assiste à des inondations plus régulières. De façon générale, on voit que le calendrier pluviométrique est de moins en moins maîtrisé. On a même vu, cette année, des agriculteurs re-semer après une longue pause pluviométrique. Ce re-semis était essentiel pour pouvoir espérer obtenir quelque chose. Mais encore fallait-il avoir des semences en réserve ou de l’argent pour en acheter.

Quel impact cela a-t-il sur la sécurité alimentaire du Sénégal ?

De façon générale, le Sénégal est un pays défi citaire. Ainsi, en fonction de la pluviométrie et selon les zones, la « période de soudure » varie. Alors que la saison des pluies dure de juillet à septembre et que les récoltes débutent en octobre, certaines familles sont déjà en soudure trois mois après les récoltes. Elles doivent alors tenir parfois près de six mois, jusqu’à la récolte suivante.On a la possibilité, dans certaines zones, de faire des cultures de contre-saison mais dans d’autres, on ne peut faire que des cultures pluviales. Ça impacte forcément la sécurité alimentaire. Ainsi, au niveau national, pour plusieurs produits, on dépend des importations, même si ce sont des produits qui ont pourtant du potentiel au niveau local

Au Sénégal, l’agriculture offre-t-elle des perspectives à la jeunesse ?

La question des jeunes préoccupe beaucoup les organisations paysannes. Pour certaines, il faut les accompagner davantage dans cette insertion car elles voient des opportunités dans leur zone. Pour d’autres, le métier agricole n’est pas suffisamment attractif.Et en effet, même si on parle de plus en plus du secteur agricole pour régler le problème de l’emploi et si plusieurs programmes de l’Etat accompagnent l’installation des jeunes, pour la plupart des filières, nous sommes encore confrontés à l’absence d’interprofessions et à des situations de mévente des produits agricoles, du fait du caractère informel des marchés mais aussi des importations agricoles qui viennent perturber ces marchés. Aujourd’hui, le secteur agricole n’est toujours pas suffisamment rassurant pour attirer les jeunes.