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20 novembre 2019

Créer des emplois en milieu rural, un enjeu pour SOS Faim

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Civils chassés de leur pays par la guerre et l’insécurité, populations déplacées du fait du changement climatique et de la montée des
eaux… L’actualité mondiale nous rappelle au quotidien la gravité et l’importance croissante de ces exodes.

Un autre phénomène est moins médiatique mais tout aussi préoccupant : chaque année dans le monde, 20 millions de paysans se voient contraints de quitter leur ferme faute de pouvoir en vivre, pour tenter de trouver du travail en ville ou à l’étranger.

Auquel s’ajoute le départ des enfants qui, ayant reçu une éducation scolaire dans laquelle leurs parents ont lourdement investi, vont chercher en ville un emploi dans le secteur tertiaire. En effet, pour eux, revenir sur l’exploitation familiale n’aurait pas de sens ou serait perçu comme un échec.

Partout dans le monde, les activités agricoles sont dévalorisées, et considérées plus comme une nécessité liée à un mode de vie subi et non choisi, que comme un métier à part entière.

C’est tout particulièrement flagrant en Afrique ou plus de 70% des jeunes, qui représentent 50% de la population, sont sans emploi ou travaillent de façon précaire, pour un salaire souvent dérisoire, faute d’accès à la terre. Au Mali, ces jeunes sans perspective d’avenir sont une cible idéale pour les réseaux terroristes qui endoctrinent et recrutent dans le nord du pays, en s’appuyant sur les inégalités de nos sociétés.

Modifier l’image négative du statut du paysan est donc fondamental si l’on veut attirer des jeunes dans le secteur agricole.

FAVORISER L’ACCÈS A LA TERRE DES FEMMES

Au Mali, les femmes ont un accès limité au foncier, et généralement les parcelles qui leurs sont octroyées ne sont pas les plus productives et ne font pas l’objet de grands enjeux économiques. La terre appartient aux hommes et les femmes ne peuvent en hériter.

SOS Faim se mobilise sur ces enjeux d’accès à la terre, que ce soit à travers des actions de sensibilisation (spots diffusés sur les radios communautaires), de renforcement des capacités des femmes et de plaidoyer. L’un des objectifs est par exemple d’atteindre 30% de terres aménagées octroyées aux femmes.

Différents projets mis en place par SOS Faim consiste donc à aider des jeunes agricultrices à accéder à la terre en négociant avec les chefs de village et les propriétaires terriens, avec en support des actions de communication, de sensibilisation et d’éducation.

CRÉER DES MÉTIERS ANNEXES À L’AGRICULTURE

Pour redynamiser la vie rurale, il est important de favoriser des métiers annexes autour de l’agriculture, notamment pour ne pas dépendre des villes et ainsi pouvoir réparer directement surplace le matériel agricole.

Un premier groupe de 46 artisans réparateurs (6 à Diéma, 15 à Nioro et 25 à Banamba dans le sudouest du pays) pour le matériel agricole et pour les unités de transformations a été identifié et formé à des métiers techniques comme la soudure, pour réparer directement des pompes à eau, et des construction métalliques. 15 forgerons (parmi les 61 identifiés dans la zone) seront formés à la fabrication de foyers améliorés qui permettent d’économiser 30% de bois de chauffe pour la cuisine.

Ces foyers améliorés seront distribués à 1 000 femmes résidant dans la zone du projet et sélectionnées selon des critères familiaux et leur engagement à la gestion des ressources naturelles.

VALORISER DES MÉTIERS INCONNUS

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L’apiculture et sa valorisation en sont un bon exemple. Un programme vise justement à développer de nouvelles activités génératrices de revenus pour les producteurs, c’est le cas notamment de l’apiculture. Certains jeunes se sont lancés dans la production de miel mais ils ont besoin de renforcer leurs connaissances techniques, de s’organiser en coopératives de producteurs mais aussi de bénéficier de tenues de protection et de ruches améliorées.

Au Mali, les ruches traditionnelles sont cylindriques et coniques, le plus souvent en paille ou faites d’un tronc évidé. Aujourd’hui, on trouve essentiellement des ruches à cadres de bois, mobiles, et facilitant l’inspection des alvéoles et la récolte du miel. Au fil du temps, des rectangles de cire gaufrée ont été fixés aux cadres pour avancer le travail des abeilles et leur laisser plus de temps à consacrer au miel. C’est grâce à ces petites révolutions que l’apiculture a pu se développer et devenir, pour beaucoup, une véritable activité professionnelle.

Sachant que le miel est un aliment nutritionnellement très intéressant et que la cire permet des fabrications annexes (savon, pommades) complémentaires de revenu, 40 jeunes apiculteurs ont été identifiés pour participer à une formation structurée, concernant à la fois l’implantation et la gestion des ruches (maladies, récolte…), les matériels et les technologies.

Le suivi se fera depuis la pose de la ruche jusqu’à la récolte et rendra compte de l’évolution générale de la ruche (peuplement, comportement des abeilles, production, état sanitaire de la colonie et du couvain, etc…).

PASSER PAR L’ÉDUCATION

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L’éducation de base apporte les compétences nécessaires pour bien gérer une exploitation agricole (calcul, lecture, gestion…). Mais il est indispensable que les jeunes ayant reçu cette éducation scolaire puissent continuer à travailler à la ferme et ainsi accéder à l’information et aux nouvelles technologies qui gagnent l’Afrique à grande vitesse.

L’école pourrait participer davantage à cette valorisation si elle intégrait systématiquement des savoirs et savoir-faire paysans dans les programmes.

Mais au-delà, pour limiter réellement l’exode des jeunes ruraux vers les villes et les réconcilier avec l’agriculture, il faudra aussi une volonté politique de dédier des moyens au secteur agricole.

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