13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite1 septembre 2022
On en parle depuis des mois : les prix des denrées alimentaires ont atteint en 2022 un niveau record sur le marché mondial, entrainant une nouvelle crise alimentaire d’échelle planétaire. En août 2021, sous la pression de la hausse du prix de l’énergie, des impact du réchauffement climatique et ceux du covid, l’indice des prix dépassait déjà le niveau atteint lors de la crise de 2008. C’est dans ce contexte fragilisé qu’en février 2022, l’invasion de l’Ukraine par la Russie porte le coup fatal. En effet, l’arrêt des exportations de blés ukrainiennes a encore accentué la déstabilisation du marché mondial. En 2021, la FAO a estimé que 826 millions de personnes dans le monde souffraient de sous-alimentation. On pourrait estimer qu’au regard du contexte à ce moment-là, ce chiffre avait de forte chance d’augmenter encore.
Au milieu de ce chaos, il est plus important que jamais de remettre les véritables causes de la faim au centre du viseur : la persistance d’une pauvreté structurelle qui compromet l’accès des populations à l’alimentation et la dépendance des pays les plus précarisés aux importations. Les exportations ukrainiennes ont repris depuis le début du mois d’août. Mais la situation alimentaire mondiale demeurera incertaine tant qu’elle dépendra d’une agriculture toujours plus industrialisée et sur un commerce mondialisé.
Notons un autre record que le prix du blé en 2022 : les chaleurs. Les mois de juillet et août ont connu en Belgique les températures les plus élevées depuis 1976. La comparaison des images satellites prises en août 2022 avec celles de l’année passée est éloquente.
Additionnée au nombre croissant d’anomalies climatiques, cette nouvelle vague de chaleur impacte notamment la production agricole – tout particulièrement les prairies et les pâturages. Le déclin de la production de fourrage destinée à nourrir les bêtes contraint déjà de nombreux éleveurs à entamer les réserves prévues pour l’hiver.
La sécheresse rappelle la nécessité d’opérer un changement de cap dans la production agricole. Différents principes issus de l’agroécologie apparaissent en effet comme des solutions évidentes pour renforcer la résilience des cultures face aux effets du changement climatique. Il s’agit par exemple de diversifier les cheptels et cultures pour que les espèces ne soient pas toutes soumises au même stress hydrique au même moment ; tout en ciblant des espèces qui puissent être complémentaires. Autre exemple : la plantation d’arbres dans les champs permet de protéger le bétail et les sols de la chaleur. Mais le constat de la plus-value d’un tel modèle nécessite une réelle prise de conscience chez les politiques et les agriculteurs.
Rédigé par Adèle Funès.
Cet article est issu du numéro de Supporterres « Quelle modernité pour l’agriculture durable ? ».