13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite9 juillet 2019
L’agroécologie est souvent citée en exemple d’alternative à investir. En quoi consiste ce concept ? Comment et à quelles conditions peut-il être une alternative ? Est-ce pour autant la panacée ? Le point sur le concept, son potentiel et les défis qui se posent encore.
L’agroécologie émerge en 1980. Depuis, son champ n’a cessé de s’étendre passant de la production agricole à l’ensemble du système alimentaire. L’agroécologie ne se limite pas au champ des pratiques agricoles. Le concept inclut en amont les intrants et en aval la transformation, la commercialisation et la consommation.
L’agroécologie est donc une notion au carrefour des dimensions environnementales, sociales, économiques et éthiques.
Revers de la médaille, l’agroécologie n’est pas un concept aux contours nets. Ce n’est ni un label, ni une certification. Pas de cahier des charges non plus, contrairement au bio.
Quatre principes définissent l’agroécologie :
Les pratiques agroécologiques se caractérisent par un impact moindre sur l’environnement et misent sur :
L’agroécologie fait appel à des savoirs paysans et traditionnels ce qui valorise les producteurs dans leurs connaissances.
Elle mobilise aussi des connaissances pointues et spécifiques. La recherche a donc un rôle crucial à jouer. Elle permet notamment de tester la combinaison d’espèces et leurs rendements. C’est aussi avec le concours de la science que nous pourrons objectiver l’intérêt de l’approche sur base de chiffres.
Des consommateurs et groupements revendiquent une alimentation de qualité et une meilleure information sur ce qu’ils mangent. Dans ce sens, les points de vente directes à la ferme et les circuits courts se multiplient.
Autant de voies de distribution alternatives qui ont pour vocation de recréer du lien entre producteur et consommateur et de sensibiliser ces derniers à la valeur de cette alimentation et au juste prix qui en découle.
Selon un rapport de la FAO, l’agroécologie offre une opportunité de création d’emplois décents grâce à une économie circulaire. Le renforcement des circuits alimentaires courts peut augmenter les revenus des producteurs tout en maintenant des prix justes pour les consommateurs (diminution du nombre d’intermédiaires, vente de produits moins transformés…). Ce système place les aspirations et les besoins des producteurs et des consommateurs au cœur des systèmes alimentaires.
La transition vers un tel système demande un temps d’adaptation aussi bien au niveau de la production que de la consommation.
Les producteurs s’exposent à des difficultés techniques et à un risque de perte de rendement pendant les trois premières années (en fonction de l’état du sol et de son contenu en carbone organique). L’agroécologie fait appel à plus de main-d’œuvre.
Autre enjeu : le passage à l’échelle. Des expériences positives et inspirantes existent ici et là mais aucun projet de grande envergure n’existe encore aujourd’hui.
La notion de rentabilité est au cœur des débats. Pour être rentable, il faut une volonté politique de soutenir ce modèle et accompagner la transition. Débloquer des moyens pour que la recherche scientifique teste, expérimente et documente les bonnes pratiques. La rentabilité est aussi liée à la demande car si une offre est mise sur le marché, il faut que la demande suive. Cela passe nécessairement par un travail de sensibilisation des consommateurs au prix juste à payer. Mais la rentabilité est aussi sociale et environnementale et c’est là que l’agroécologie offre de belles perspectives.
Rédaction : Clémentine Rasquin et Elodie Jacquemin, volontaire
Cet article est tiré du Supporterres n°8 de Juin 2019 : « Agroécologie, système D(urable) ». Pour en savoir plus sur l’agroécologie, n’hésitez pas à consulter le numéro complet.