13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite2 octobre 2022
Les hausses des prix de l’énergie et de l’alimentation que provoquent la guerre en Ukraine affectent également les pays où SOS Faim soutient des partenaires de la société civile. Les représentants des bureaux nationaux de SOS Faim nous tiennent régulièrement informés de la situation dans leur pays.
Dans l’ensemble des pays, les prix des produits alimentaires importés sont clairement à la hausse. Ces variations de prix touchent surtout les citadins. Pour des produits comme le blé et l’huile, des hausses de 30 à 100% sont observées au Mali, au Burkina et en Éthiopie. À Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), l’huile de tournesol a même soudainement augmenté de 65%.
Au Sénégal, on note également un triplement du prix des oignons. L’Ouganda est affecté par des augmentations des prix du riz et du maïs qui varient entre 30% et 40%.
En Bolivie, l’augmentation des prix du blé et du maïs, qui sont importés à 80%, affecte le pouvoir d’achat de la population nationale. Partout, ces hausses de prix des produits alimentaires sont répercutées, voire renforcées par les petits commerçants et dans une moindre mesure par la grande distribution quand elle est présente.
Plusieurs pays sont également en proie à des conflits armés internes (Burkina Faso, Mali, Éthiopie et RDC). La guerre en Ukraine n’arrange rien. Les autorités sont forcées de réagir. Des mesures correctives ont été prises. Au Burkina Faso, il été décidé de diversifier la source des intrants en pénurie, les céréales sont vendues à un prix social et des distributions de vivres sont organisées dans les zones d’insécurité. Les taxes sur certains produits d’importation tels que la farine de blé ont été réduites au Burkina et en RDC.
Au Mali, pour répondre à une demande de la société civile, les contrôles des prix dans les commerces ont été renforcés. Le gouvernement malien a également décidé de subsidier les engrais à hauteur de 17 milliards de CFA (environ 26 millions d’euros). Les prix d’un certain nombre de produits ont été plafonnés au Mali et au Sénégal. C’est le cas du pain, de l’huile, de la viande, du sucre, du carburant.
Le Burkina Faso et le Pérou ont mis en place des mesures proactives :
Le Burkina Faso a lancé une vaste campagne de promotion de la production et de la consommation de produits locaux. L’Etat a également pris l’initiative de commander des intrants organiques.
Au Pérou, le ministère de l’agriculture a annoncé la mise en place d’une stratégie globale de fertilisation des terres, avec des engrais de synthèse et organiques. Cette annonce doit cependant encore être concrétisée.
La Bolivie fait figure d’exception. Elle est le seul pays à ne pas subir que des conséquences négatives. Le secteur agroindustriel tourné vers l’exportation bénéficie de la hausse des prix du soja et du maïs produits localement. Les autorités ont fait le choix de soutenir l’agriculture d’exportation (via des crédits et des subsides aux hydrocarbures) et les entreprises étatiques, mais aux dépens du reste du secteur productif.
La Bolivie est autosuffisante en hydrocarbures et est même exportatrice de gaz vers le Brésil et l’Argentine et elle possède une unité locale de fabrication d’urée.
Dans tous les autres pays, l’accès aux engrais de synthèse pose problème : la pénurie et l’augmentation des prix qui s’ensuit (40 à 100%) s’accompagnent d’une diminution de leur utilisation qui pourra induire des baisses de production agricole.
Les carburants et les transports affichent également des hausses conséquentes (au moins 25%), voire des pénuries.
Les organisations de la société civile et les organisations de producteurs, selon les pays, prennent différentes initiatives : au Burkina Faso, elles promeuvent un dialogue renforcé entre les différentes parties prenantes que sont les industriels, les commerçants et les consommateurs.
La coordination des organisations paysannes du Mali (CNOP) demande la mise en place de subsides pour les engrais. Les associations de consommateurs maliennes exercent des pressions pour une imposition de prix régulés.
Dans plusieurs pays (Mali, Burkina, Ouganda et Pérou), l’existence de la crise pourrait se transformer en opportunité, avec la promotion de la fumure organique et plus globalement de la transition agroécologique avec un accent mis sur la production de produits locaux.
Plutôt que de parler de crises conjoncturelles qui s’enchaînent, ne faudrait-il pas plutôt parler d’une nécessaire transition structurelle ?
Le témoignage de notre bureau burkinabé reprend cette phrase très forte : « Produisons ce que nous consommons, et consommons ce que nous produisons ». Un véritable crédo pour plus d’autonomie, une moindre dépendance de l’extérieur, des systèmes alimentaires ancrés dans les territoires. Une démarche en résonance avec les défis du changement climatique.
Si les problèmes rencontrés ici et là-bas semblent vraiment comparables, la grande différence est que là-bas, les filets de sécurité sont plus fragiles, voire inexistants. Avec en plus des conditions de sécurité très préoccupantes dans un certain nombre de pays et donc des impacts nettement plus aigus.
Les informations contenues dans cet article ont été récoltées auprès de : Cesar Soto (représentant en Bolivie), Alimata Sawadogo (représentante au Burkina Faso), Safiatou Coulibaly-Malet (représentante au Mali), Papa Assane Diop (représentant au Sénégal), Luis Vargas (représentant au Pérou), Mireille Bishikwabo (représentante en RDC), Ben Akure (coordinateur en Ouganda), Sorsa Debela, conseiller technique pour SOS Faim en Éthiopie.
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