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1 avril 2021

Sécurité alimentaire: un changement de la stratégie de coopération agricole belge s’impose

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En Belgique, la coopération au développement belge dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire est encadrée par une note stratégique intitulée “agriculture et sécurité alimentaire”. La dernière, qui date de 2017, devrait être revue profondément selon la Coalition Contre la Faim (CCF) qui la juge inadaptée au défi.

Depuis que la nouvelle ministre de la coopération au développement a pris ses fonctions, Meryame Kitir a eu plusieurs occasions de partager ses priorités pour la sécurité alimentaire et force est de constater qu’elles contrastent fortement avec celles du ministre précédent, Alexander De Croo. En effet, dès son exposé d’orientation politique, la ministre a dit vouloir prioriser l’agriculture à petite échelle, encadrer le secteur privé, s’assurer d’une cohérence des politiques ou encore vouloir s’engager à investir dans l’agroécologie pour transitionner vers des systèmes alimentaires durables[1]. Des mots qui peuvent apparaître familiers à la lecture mais qui pourtant dénotent avec la note stratégique précédente. Le concept de système alimentaire durable apparaît pour la première fois et l’engagement à investir dans l’agroécologie est une mesure forte pour laquelle la Coalition Contre la Faim a fait campagne en 2020. Quant à recentrer la coopération sur l’agriculture à petite échelle, c’est tout simplement revenir aux fondamentaux qui s’étaient perdus, à en croire une évaluation indépendante des orientations politiques du ministre précédent.

À ce contraste s’ajoute l’évolution du contexte mondial : d’une part, la pandémie de la faim causée par la Covid-19, et d’autre part, la crise climatique qui s’accélère. Le contexte justifie donc d’actualiser la note stratégique qui, bien que pas si vieille que ça, n’en demeure pas moins anachronique.

Pour ces raisons, la CCF s’est attelée à rédiger un avis qui vise à encourager la ministre à réviser profondément le cadre de référence des politiques belges dans ce domaine, c’est-à-dire, la note stratégique agriculture et sécurité alimentaire. Actuellement, non seulement cette note ne tient pas compte des nouvelles orientations de la ministre mais elle n’est tout simplement pas à la hauteur des défis de l’agriculture et de l’alimentation au 21eme siècle. Pour ce faire, la CCF partage des propositions concrètes en vue de permettre à la Belgique de contribuer efficacement à l’atteinte de l’ODD numéro 2 : éradiquer la faim d’ici 2030 [2].

Une révision stratégique demande du temps et des moyens humains : la CCF clôture sa position en insistant sur l’urgence d’appréhender l’alimentation dans sa complexité. “La sécurité alimentaire ne peut se réduire à l’accès aux marchés ou au développement de la productivité. Elle est fonction de résilience, de modes de production agroécologiques, de cohérence des politiques, de choix faits en matière de bénéficiaires, de priorités données à la recherche ou encore de la place accordée aux agriculteurs et aux organisations paysannes du Sud lors de l’élaboration, de la mise en place et de l’évaluation de nos projets de coopération”.

Pour en savoir plus, consultez la Policy Brief de la Coalition Contre la Faim

[1] Avis de la Coalition Contre la Faim sur l’exposé d’orientation politique de la ministre de la Coopération au développement au sujet de la sécurité alimentaire
[2] Nations-unies, les objectifs de développement durable

Un article rédigé par Amaury Ghijselings