2 septembre 2025
Mobilisation du 4 septembre en Belgique : Humundi dit STOP au traité UE-Mercosur
Lire la suite1 septembre 2025
Alors que les budgets de la coopération au développement diminuent dans de nombreux pays du Nord, la solidarité internationale semble s’affaiblir face aux priorités économiques et sécuritaires. Face à cette tendance inquiétante, Benoît De Waegeneer, secrétaire général de Humundi, tire la sonnette d’alarme.
Benoit de Waegeneer : La coopération est un outil essentiel car elle s’attaque à des causes profondes d’instabilité comme les inégalités sociales et territoriales. Au Sahel, par exemple, l’abandon des zones périphériques et le manque d’infrastructures et d’opportunités économiques ont alimenté la méfiance des gens envers l’État, entraînant tensions, violences et migrations. Notre travail en développement agricole et alimentaire montre que donner des perspectives aux jeunes et associer les communautés aux décisions est essentiel pour bâtir un avenir pacifique. Il ne s’agit pas seulement d’aide, mais de renforcer le lien social entre l’État et ses citoyens.
Benoit : C’est le résultat de choix politiques de court terme, où l’économie et la sécurité priment sur la solidarité. Les pressions budgétaires servent souvent de prétexte, mais le fond du problème est le repli sur soi et la remise en cause de l’idée qu’on fait face à des défis globaux partagés. Renoncer à la coopération, c’est laisser s’aggraver des crises qui auront tôt ou tard des répercussions internationales. La coopération internationale est essentielle pour répondre aux enjeux qui affectent tous les pays, indépendamment de leurs frontières.
Benoit : Non, nous sommes au bout d’un modèle. Il repose encore trop sur une logique descendante et sur la centralisation du pouvoir entre bailleurs du Nord. Il faut repenser le financement et l’organisation de la solidarité internationale. Cela implique une relation plus égalitaire avec les pays du Sud, de nouveaux canaux de financement comme des taxes globales et un traitement de la question de la dette. Tant que les pays du Sud resteront écrasés par l’endettement, ils ne pourront investir dans leur avenir. Une restructuration partielle, notamment dans le cadre des financements climatiques, est possible et urgente.
La coopération internationale reste donc plus que jamais indispensable pour construire un monde plus stable et solidaire. Mais il est urgent de repenser son fonctionnement pour la rendre plus juste, plus efficace et plus adaptée aux défis actuels.
Rédaction : Nastasja Marchal (Volontaire pour notre magazine Supporterres)
Supporterres n°33