13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite25 septembre 2021
L’agroécologie tire ses principes de l’écologie et promeut un certain modèle de production, de consommation, mais aussi de relations entre l’humain et la nature. Bien qu’elle se cantonne aux systèmes alimentaires, elle défend des principes tels que la sobriété, le travail décent et correctement rémunéré, le respect des autres formes de vie. On retrouve ces idées dans des projets sociaux et politiques plus globaux, comme dans la permaculture, qui propose une autre manière de construire la société de demain. Une société où l’économie serait au service des hommes et non l’inverse, où les écosystèmes seraient préservés et valorisés, et dans lesquelles le partage serait le maître mot des échanges.
Plus génératrice d’emplois que l’agriculture conventionnelle, l’agroécologie lutte contre l’exode rural en offrant un avenir décent aux paysans et en redynamisant des territoires qui ne bénéficient pas du développement économique promis par le néolibéralisme. De plus, elle est fondée sur un modèle d’économie solidaire qui donne la priorité aux marchés locaux, permettant la formation de prix justes pour le producteur comme pour le consommateur. Pour les paysans, cela signifie une meilleure indépendance face aux multinationales et leur permet d’assurer des revenus qui ne dépendent plus des fluctuations des cours mondiaux. En 2019, la campagne « N’exportons pas nos problèmes » menée par SOS Faim avec d’autres ONG européennes dénonçait l’injustice du système commercial mondial pour les paysans en prenant l’exemple de la production laitière. Elle ne permet pas aux éleveurs d’Europe de vivre de leur travail, tout en étouffant la filière locale en Afrique de l’Ouest.
« L’agroécologie est politique ; elle nous demande de remettre en cause et de transformer les structures de pouvoir de nos sociétés. Nous devons placer le contrôle des semences, de la biodiversité, des terres et territoires, de l’eau, des savoirs, de la culture, des biens communs et des espaces communautaires entre les mains de celles et ceux qui nourrissent le monde » Forum International sur l’Agroécologie en 2015
De fait, l’agroécologie se pose en tant qu’alternative au modèle de production dominant puisqu’elle remet en cause ses pratiques et ses effets néfastes sur les hommes et la planète. Elle entend donc repenser nos manières de considérer la nature, la nourriture et ceux qui la produisent. Elle rend au métier d’agriculteur ses lettres de noblesse et le place au centre des systèmes alimentaires en dénonçant les rapports de pouvoir actuels, défavorables aux producteurs.
C’est d’ailleurs lorsque les mouvements paysans en Amérique Latine dénoncent les difficultés économiques rencontrés par les producteurs dans les années 1980 que l’agroécologie se fait connaître dans le monde. Elle devient l’étendard de leurs revendications car elle prône une approche locale des savoirs agricoles et le contrôle des terres par ceux qui la cultivent face à l’agro-industrie mondialisée. Elle incarne aussi la lutte contre l’insécurité alimentaire en assurant une production diversifiée et des revenus décents.
L’agroécologie comme mouvement social s’oppose donc à la production industrielle, à la surconsommation ainsi qu’au libéralisme sauvage des marchés mondiaux. Aujourd’hui, elle n’est plus seulement synonyme de luttes paysannes en Amérique latine et en Afrique. En Europe aussi, elle s’impose comme la seule trajectoire valable de nos modèles agricoles.
À Liège par exemple, la ceinture Aliment-Terre illustre ces initiatives de production, de commercialisation et de consommation alternatives. Depuis 2013, une quinzaine de coopératives ont vu le jour sur l’ensemble de la filière alimentaire locale dans la région liégeoise. Le nombre de maraîchers a plus que doublé et la part de marché des produits locaux augmente d’années en années, avec le soutien des pouvoirs publics locaux.
Aujourd’hui, les plus grands freins que rencontre l’agroécologie relèvent avant tout du politique. En effet, la transition à grande échelle de nos systèmes alimentaires possède un coût en temps et en argent qui nécessite un accompagnement des producteurs par des politiques publiques efficaces. Pour passer d’une agriculture conventionnelle à une agriculture agroécologique, un temps d’adaptation est requis pour que les sols retrouvent leur fertilité, mais aussi pour que les agriculteurs apprennent ou réapprennent de nouvelles pratiques. Cela s’accompagne nécessairement d’une baisse de rendement provisoire ; un soutien est donc indispensable et d’autant plus urgent que le système actuel a atteint ses limites !
Pourtant, on constate que les financements publics continuent à être destinés à l’agro-industrie alors que l’agroécologie a été reconnue comme un moyen efficace de lutter contre le changement climatique dans les Accords de Paris comme dans les Objectifs de Développement.
Pour pallier ce manque de soutien, SOS Faim a dernièrement mis en place un guide d’agroécologie pratique, qui permet d’accompagner ses partenaires, vers des pratiques plus agroécologiques. Cet outil méthodologique a déjà été testé dans divers pays d’action (Burkina Faso, Sénégal et le Pérou) avec des résultats encourageants. En outre, SOS Faim soutient des services de micro-crédit aux producteurs souhaitant se lancer dans des projets agroécologiques, comme à travers son partenaire GUILGAL en RDC qui propose des crédits « verts ». Mais cela ne concerne qu’une dimension du chemin à parcourir vers une véritable transition. C’est pour cela que SOS Faim soutient également la campagne Yes2Agroecology, en partenariat avec d’autres ONG, qui plaide pour que la coopération belge favorise l’agroécologie dans ses politiques de développement.
Récemment, SOS Faim a rejoint l’appel lancé par IPES-FOOD pour que les gouvernements, la société civile, les entreprises et les consommateurs s’engagent dans une transformation profonde des systèmes alimentaires selon 13 principes clés de l’agroécologie. Pour les découvrir, cliquez ici .
Article écrit par Naïs El Yousfi
Agorécologie, permaculture: deux termes, une seule réalité ?