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16 avril 2019

L’agroécologie, horizon futur des politiques agricoles et alimentaires ?

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En termes d’agriculture et d’alimentation, tous les principaux partis s’accordent sur la nécessité de transitionner vers des systèmes agricoles et alimentaires plus durables, avec des idées parfois convergentes pour y parvenir. Tous les programmes contiennent des mesures en faveur des circuits courts, des produits de saison, d’une réduction de l’usage des intrants, etc… Mais certains vont plus loin que d’autres.

Rappelons qu’un système alimentaire durable tel que défini par la Coalition Contre la Faim doit garantir le droit à l’alimentation en permettant à toutes et à tous, partout dans le monde, de disposer d’une alimentation saine et suffisante, tout en incluant les dimensions économiques, sociales et environnementales. Pour la Coalition, l’agroécologie constitue la meilleure approche à même de prendre en compte tous ces aspects ; elle est en outre adaptée aux réalités des agricultures familiales, qui doivent être au cœur de cette transition car ce sont elles qui nourrissent la majeure partie de la population mondiale.

Le PTB, le PS et Ecolo particulièrement, font une belle place à ces thématiques dans leurs programmes. Pour eux, les principes de l’agroécologie doivent constituer les fondements d’un nouveau système agroalimentaire. De surcroît, tous considèrent que cette transition ne doit pas se limiter à l’échelle belge : la Politique Agricole Commune doit garantir un déploiement de ces principes à l’échelle de l’Union européenne ; elle devra notamment soutenir les exploitations familiales, la conversion vers l’agriculture biologique, ou encore la justice sociale.

Pour Ecolo, l’appui aux agricultures familiales se fera tant au niveau belge qu’européen mais aussi mondial. D’une part, en Europe, la PAC doit être réformée pour en faire les premières bénéficiaires, et d’autre part, dans la politique de coopération, l’aide au développement sera réorientée vers le soutien à l’agriculture familiale de type agroécologique dans les pays du Sud.

Le PS partage cette position et qualifie même l’agroécologie de meilleure manière de contribuer à la lutte contre la faim dans le monde, qui doit constituer une priorité transversale de la politique de coopération belge.

Outre son engagement fervent pour l’agroécologie à toutes les échelles, le PTB prévoit notamment l’inscription du droit à une alimentation saine et accessible à l’article 23 de la Constitution. De plus, il considère que le lien entre agriculture et alimentation doit être restauré car la production agricole doit être basée sur les besoins réels, et non pas servir à réaliser les bénéfices du monde des affaires ou de l’industrie agro-alimentaire.

Le MR reste plus évasif concernant le type de modèle agricole à promouvoir pour plus de durabilité bien qu’il propose un projet « éco-positif », plus respectueux de l’environnement. Néanmoins, il encourage les circuits courts et l’agriculture urbaine et considère la pérennité du modèle agricole de type familial comme une priorité absolue.

Pour finir, le cdH et DéFI mentionnent la volonté de faire émerger un nouveau modèle agricole et alimentaire. Le cdH notamment entend faire de la PAC le vecteur principal pour une plus grande durabilité et une meilleure qualité de l’alimentation, ainsi qu’un outil de restriction des pesticides et d’interdiction des OGM. Par ailleurs en termes de coopération, le parti prévoit de consacrer au moins 15 % du budget de la Coopération à la réalisation du droit à l’alimentation, notamment par le soutien à l’agriculture familiale et aux pratiques agroécologiques dans les pays du Sud.

DéFI de son côté considère l’émergence de filières d’alimentation locale et durable en circuit courts, qui s’articuleraient autour d’entreprises à finalité sociale.

Une autre dimension fondamentale des systèmes agroalimentaires durables réside dans la condition sociale et politique de ses acteurs principaux : les agriculteurs. Ainsi, afin de garantir une transition agroécologique pérenne et égalitaire, les agriculteurs doivent retrouver un rôle privilégié dans la production, la transformation et la commercialisation des aliments. Cela passe avant tout par des revenus décents leur permettant de vivre dignement de leur travail et de se libérer du modèle agroindustriel aujourd’hui dominant. En ce sens, chacun des partis entend prendre des mesures pour que chaque agriculteur et agricultrice dispose de revenus lui conférant une vie décente. Le PS par exemple, n’exclue pas d’intervenir sur le marché afin de garantir cela.

Naïs El Yousfi, stagiaire.

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Dessin : Philippe de Kemmeter.