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9 avril 2024

Le cadre politique international : l’OMC patine, l’agriculture pâtit

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Au niveau international, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est l’une des instances qui définit le cadre des échanges commerciaux internationaux en matière agricole. Ça n’a pas toujours été le cas, l’agriculture ayant longtemps été considérée comme éminemment stratégique. À l’occasion de la 13e conférence ministérielle de l’OMC qui s’est tenue à Abou Dhabi en février, il a fallu une nouvelle fois défendre la voix des paysan·ne·s au sein d’une organisation qui minore les voix du Sud global.

Du GATT à OMC

À la suite de la 2e Guerre mondiale, les nations les plus puissantes s’entendent pour établir des règles commerciales, essentiellement la réduction des droits de douane, pour permettre d’augmenter les échanges de biens et services (le GATT). Tout d’abord ciblé sur des produits spécifiques, ces négociations (on parle de cycle) vont progressivement s’élargir.

Miraculeusement, l’agriculture en restera absente jusqu’en 1986, date du début du cycle de l’Uruguay. Ce cycle se conclura par un accord signé entre les États-Unis et l’Union européenne afin de mettre fin à la régulation des prix de la politique agricole commune (PAC). La PAC en sera profondément métamorphosée.

La fin du monde bipolaire

Le cycle de l’Uruguay aboutira alors à la création de l’OMC en 1995. Cette institution multilatérale ambitionne de régir les règles du commerce international au travers de multiples accords qui en constituent l’ossature.

Parmi ceux-ci, l’Accord sur l’agriculture est la clé de voute des échanges agricoles et sources de crispations pour de nombreux pays. Si, en 1945 ou en 1995, les pays développés, selon le jargon de l’OMC, étaient hégémoniques, aujourd’hui les pays en développement ont gagné en puissance et veulent rebattre les cartes d’un système conçu pour avantager les nations les plus riches.

Des tensions autour des stocks publics

Un sujet de très fortes tensions est la question des stocks publics constitués par certains États pour approvisionner leur population en situation d’insécurité alimentaire. Un groupe de 80 pays du Sud global, soit la moitié des membres de l’OMC, embarqués par l’Inde, implore l’OMC de trouver une solution permanente à cet enjeu. D’autres pays, les plus gros agro-exportateurs (États-Unis, Argentine…), qui ont tout intérêt à libéraliser le commerce afin d’écouler leur production, accusent ces programmes de perturber le marché et de jouer sur les prix en stockant ou relâchant des grains.

Si l’on résume, on a des pays sujets à une insécurité alimentaire systémique qui cherchent à résoudre les problèmes de faim et de mal nutrition. De l’autre, des pays producteurs qui veulent continuer à exporter tous azimuts. Au sein d’une organisation régit par une prise de décision par consensus, ces négociations patinent et, pour l’agriculture, n’ont abouti à aucun texte depuis des années. Et la conférence de 2024 n’a malheureusement permis aucune avancée.

Rédacteur : Jonas Jaccard, chargé de plaidoyer.

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