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30 mars 2022

Le commerce équitable : compenser les dérives des marchés internationaux

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Conçu pour soutenir les producteur.trice.s des pays du Sud dans l’établissement de relations commerciales durables, le commerce équitable s’appuie sur l’idée de la réappropriation des échanges marchands par celleux qui les pratiquent et d’un équilibre plus grand dans des relations qui mettent souvent en présence des petits producteurs et des mastodontes de l’agroalimentaire.

PLUS DE JUSTICE DANS L’AGRICULTURE

Le commerce équitable consiste en un système de certification des produits agricoles par des labels qui visent à garantir qu’un ensemble de normes, environnementales, sociales et surtout marchandes, soient respectées dans la production et la commercialisation agricoles.

Ces normes incluent, dans le cas de l’Organisation Mondiale du Commerce Équitable (WFTO) par exemple, la création d’opportunités pour les producteurs économiquement en situation de désavantage, le paiement d’un prix juste, le maintien de conditions de travail dignes, l’interdiction de travail des enfants ou la gestion des relations de commerce.

Ce type de commerce offre ainsi à la fois de meilleures conditions de marché et la garantie des droits des producteur.trice.s.

QUI EN BÉNÉFICIE ?

Comme manière de concevoir le commerce international, le mouvement du commerce équitable naît dans les années 1960 et se concentre en particulier sur les matières premières ou les produits généralement exportés des pays du Sud vers les pays du Nord. Quels sont ces produits ? Le café, le cacao, la banane, le sucre de canne, le coton… et les fleurs. Selon Fairtrade International, l’un des labels de commerce équitable les plus connus, en 2019 plus de 1.8 millions d’agriculteur.trice.s commerçaient à travers des organisations des producteurs certifié.e.s.

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Dans une même approche, des organisations paysannes au Sud focalisées sur le commerce extérieur promeuvent directement des standards sociaux et environnementaux parmi ses membres. C’est le cas de Coopain Cabana, au Pérou, une coopérative qui promeut l’agriculture familiale et qui est composée de plus de 600 familles, reconnue internationalement mais aussi nationalement pour son modèle d’organisation et pionnière nationale dans la production de quinoa et cañihua biologiques.

AU CŒUR DU DISPOSITIF, LA GARANTIE D’UN PRIX JUSTE

Concrètement, comment ça marche ? Dans un contexte de commerce international avec des prix changeants et souvent faibles, le commerce équitable propose un marché alternatif avec des accords clairs à un prix juste et dirigé vers des consommateur.trice.s sensibilisé.e.s. Ainsi, le processus de certification et de soutien comprend la réduction des coûts de transaction en travaillant principalement à travers des organisations de producteurs, des livraisons plus rapides, l’accès à de l’information et une plus grande force de négociation dans la chaine alimentaire.

D’autres points forts du commerce équitable sont à noter du point de vue social et environnemental : l’accès à une formation agroécologique, la durabilité de l’emploi, le passage à des pesticides moins toxiques, un accès plus facile au financement, etc. Certains labels offrent aussi une somme « premium », en plus de l’assurance d’un prix juste, qui a comme objectif l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales à travers divers projets.

UNE EFFICACITÉ RECONNUE MAIS LIMITÉE

Néanmoins, le commerce équitable reste un marché de niche et a aussi ses limites.  Produire pour le label non seulement demande plus d’efforts pour la production soumise aux standards mais aussi fait tendre vers la monoculture au détriment de la diversification. Ceci en termes de cultures mais aussi d’activités menées par les différents membres des exploitations. Conséquence : une diminution de la résilience, qui peut devenir problématique pour les paysan.ne.s si une partie de la production agricole n’arrive pas à être commercialisée à travers le label.

Autre point faible du commerce équitable : son manque de potentiel pour la commercialisation locale. Le commerce équitable est profilé comme un atout pour une commercialisation à l’export plus juste pour les paysan.ne.s au Sud.

Ainsi, en les considérant comme un outil circonscrit aux exploitations agricoles suivant une stratégie de vente à l’internationale, les labels du commerce équitable permettent tout de même une amélioration des conditions économiques, sociales et environnementales des fermes et des communautés rurales. Ils permettent ainsi, dans une certaine mais puissante mesure, de compenser les côtés les plus durs du commerce international et de promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

Rédaction : Julia Gallardo Gómez pour le Supporterres « Vendre à prix juste »

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