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16 mars 2021

Les collèges de femmes : partager, s’affirmer, se faire entendre.

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« La terre ne nous appartient pas, ni chez nos maris ni chez nos parents. Nous sommes étrangères partout. »

Ces paroles, prononcées par la Vice-présidente du Collège des femmes du Faso (CPF), Madame Sia/Yaro, mettent en avant le déséquilibre et l’inégalité des sexes dans le domaine de l’agriculture en Afrique de l’Ouest.

Malgré l’importance de leurs rôles au sein de leur famille, des activités agro-pastorales, des communautés locales et également dans l’économie de leur pays, les politiques en place et les normes sociales de ces pays permettent difficilement aux femmes d’acquérir autonomie, reconnaissance et une voix suffisamment importante dans les instances de décisions agricoles. C’est pourquoi se sont créés des collèges de femmes au sein des  organisations paysannes (OP).

Concrètement, ces collèges regroupent les déléguées des fédérations membres de l’organisation, sont administrés par un bureau et disposent d’un plan d’actions. Celui-ci se divise généralement en deux axes : la promotion des femmes au sein des organisations  de producteurs et la formation des femmes dans leurs activités économiques principales.

Ces espaces de concertation permettent aux femmes de se regrouper afin d’exprimer librement leurs préoccupations et opinions et de trouver des solutions. Y sont donc abordés tous les problèmes rencontrés par les femmes rurales et, notamment, la promotion de l’égalité des genres dans l’agriculture familiale, le rôle de leadership des  femmes rurales et les différents plans d’actions qu’elles veulent mettre en place pour améliorer la gouvernance alimentaire de leur région.

En plus d’être un endroit de réflexion, le collège est aussi un lieu de partage et de parole où les femmes sont amenées à prendre confiance en elles et apprennent ainsi à s’affirmer tant dans leur famille qu’au sein de l’organisation paysanne, à parler et argumenter plus aisément. Pour celles qui le souhaitent, cela leur permettra de prendre un rôle de leader qu’elles pourront exercer dans d’autres instances. Et, pour certaines, d’améliorer leur qualité de vie et celle de leur famille.

La mobilisation et le regroupement des femmes rurales sont peu à peu récompensés. De plus en plus nombreux au sein des OP, ces collèges acquièrent un certain poids. Soutenus par leurs organismes « parents », plusieurs événements sont organisés autour et pour eux : des assemblées générales, des actions de plaidoyer auprès des autorités et de communication auprès des populations, des formations professionnalisantes, etc. À  titre d’exemple, au Sénégal, sous l’impulsion de son collège des femmes, le CNCR a mis en route le projet « Protection et promotion des droits et de l’émancipation sociale et économique des femmes » avec comme objectif global de renforcer les droits des femmes rurales concernant surtout leur statut social et économique.

Rédactrice : Morgane de Keyser, volontaire

Cet article est tiré du Supporterres n°15 de mars 2021 « Organisations paysannes, l’union fait la force! »

EN BONUS

Pour en savoir plus sur le rôle et la place des femmes dans l’agriculture, lisez le Supporterres n°11 « Elles sèment, qui récolte?«