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16 mars 2021

Les coopératives ont le vent en poupe

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SOS Faim est partenaire de 26 organisations paysannes en Amérique du Sud et en  Afrique. Parmi elles, l’USCCPA, une coopérative dans la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso.

Dans ces pays d’Afrique de l’Ouest, face au coronavirus, le modèle coopératif fait ses preuves. Des lois ont été adoptées en 2010 dans cette partie de l’Afrique pour favoriser le développement des coopératives. 11 ans plus tard, ces lois restent encore parfois mal comprises mais l’évolution a lieu, notamment en ce qui concerne le rôle des femmes.

3 MILLIONS DE COOPÉRATIVES DANS LE MONDE

Les coopératives sont des structures de production de biens ou de services qui sont contrôlées et détenues par leurs membres qui en détiennent le capital et prennent les décisions de manière démocratique. Les bénéfices que ces entreprises engrangent sont en partie réinvestis pour développer ces structures mais également redistribués entre les membres.

Dans le monde, environ 3 millions de coopératives emploient près de 280 millions de personnes, ce qui ne représente pas moins de 10% de la population active mondiale. Le succès de ce modèle s’explique entre autres par les valeurs qui le sous-tendent : l’entraide, la responsabilité, la démocratie, l’égalité, l’équité et, bien entendu, la solidarité.

Les coopératives agricoles favorisent les petites exploitations familiales et permettent ainsi d’encourager l’économie locale. Les bénéfices ne s’évaporent plus dans les salaires des dirigeants ou dans les poches d’actionnaires étrangers. Dans les pays qui souffrent d’insécurité alimentaire, ce modèle est très encouragé car il provoque une réaction en chaîne permettant entre autres de réduire la faim, de créer de l’emploi et de donner aux enfants l’accès à l’éducation.

UN MODÈLE À L’ÉPREUVE DES CRISES

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Sur le continent africain, SOS Faim soutient de nombreuses coopératives, dont l’USCCPA/BM au Burkina Faso, l’Union des Sociétés Coopératives pour la Commercialisation des Produits Agricoles de la Boucle du Mouhoun.

Le Burkina Faso, situé en Afrique de l’Ouest, fait face à des actes de terrorisme qui ont engendré d’importants déplacements de population à l’intérieur du pays. Ce pays connaît également des conditions climatiques difficiles car les pluies y sont mal réparties, provoquant des poches de sécheresse dans certaines régions et des zones d’inondation dans d’autres. Ces derniers mois, la COVID-19 a également entravé le bon fonctionnement de l’économie par un isolement encore plus important des petits  agriculteurs. Dans ce contexte, miser sur un modèle de solidarité s’avère impératif.

L’USCCPA/BM rassemble à l’heure actuelle 3000 membres issus de 15 coopératives dans les six provinces de la Boucle du Mouhoun. Elle a vu le jour en 1993. Comme le rappelle  Dioma Soumabéré, Directeur exécutif de l’organisation, « cette Union est née d’un désir d’agir pour que les petits producteurs de la région ne soient plus laissés à l’abandon. » Au départ, l’objectif était uniquement de mettre en commun les excédents alimentaires des membres pour les commercialiser. Au fil des années, l’Union a évolué et a diversifié les biens et services pour ses membres.

EN AFRIQUE, UNE INTÉGRATION JURIDIQUE À LA TRAINE

En 2010, l’Acte uniforme relatif aux sociétés coopératives a été adopté par les pays membres de l’OHADA, l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, dont le Burkina Faso fait partie. En théorie, cette loi veut œuvrer pour le développement économique des coopératives à travers une intégration juridique. Toutefois, dans la pratique, elle se heurte à plusieurs problèmes, notamment la trop grande technicité du texte par rapport à ses destinataires majoritairement illettrés ou encore le fait que des lois obsolètes soient toujours appliquées aujourd’hui – une décennie plus tard – au détriment de cet Acte uniforme. Pour résoudre ce problème, il est nécessaire de former les acteurs du secteur coopératif.

Car le modèle coopératif mérite de se développer davantage, aussi bien au Burkina Faso que partout ailleurs dans le monde. Comme le rappelle Dioma Soumabéré, « l’USCCPA répond aujourd’hui non seulement aux enjeux économiques mais fournit également à ses membres des intrants de qualité, des conseils aux exploitations familiales, un accompagnement pour l’octroi de financements, etc ». Ramata Touré, Chargée d’appui de SOS Faim au Burkina Faso, insiste quant à elle sur l’incidence positive qu’a eue l’USSCPA/BM sur la prise en compte des femmes dans les exploitations et sur l’adoption de méthodes agroécologiques.

Il reste bien entendu des défis à relever, comme celui de donner aux femmes davantage  accès à la terre ainsi que celui de consolider les acquis et améliorer encore le revenu des coopérateurs.trices et la visibilité des coopératives.

Rédactrice : Amélie Halleux, volontaire

Cet article est tiré du Supporterres n°15 de mars 2021 « Organisations paysannes, l’union fait la force! »