13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite16 février 2024
Monsieur le Premier ministre,
Nous sommes consternés par l’évènement organisé aujourd’hui sous les auspices de la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne en collaboration avec le Conseil européen de l’industrie chimique (CEFIC) et la fédération belge du secteur de l’industrie chimique (Essenscia). Un événement à huis clos réunissant industriels de la chimie et autres acteurs industriels fortement énergivores (ciment, acier, métallurgie…) d’une part et dirigeants politiques de haut niveau d’autre part, au sein même de l’usine chimique de BASF à Anvers, plus gros site de production chimique du pays.
En chapeautant cet événement et en y participant, vous niez la contribution et la responsabilité des entreprises conviées dans les nombreuses crises environnementales, mettant en péril tant l’état de notre planète que notre santé. Ces crises découlent notamment d’une irresponsabilité conséquente dans les prises de décision industrielles au cours des dernières décennies. Des décisions irresponsables prises par des entreprises promouvant la production et l’utilisation de substances dangereuses et la combustion d’énergies fossiles dans un but avant tout lucratif.
Au cours des cinq dernières années, les multinationales de l’industrie chimique, dont BASF, ont mené, via leurs groupes de pression de vastes campagnes de lobbying à Bruxelles et dans toute l’Europe pour saper les réglementations ambitieuses promises par la Commission von der Leyen. Les objectifs de la Stratégie en matière de produits chimiques et de la stratégie « De la ferme à la table » visant à restreindre les substances actives dangereuses utilisées par les consommateurs et l’agriculture dans l’UE, ainsi qu’à empêcher l’exportation de substances interdites, y compris les produits chimiques et les pesticides, ont disparu. Pendant ce temps, l’industrie a obtenu un soutien massif tant pour le développement de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles que pour le déploiement de fausses solutions face à la crise climatique, telles que l’hydrogène, la capture et la compensation carbone.
De tout temps, l’industrie a crié au loup afin d’exagérer les conséquences des politiques vertes progressistes. En cette année électorale, cruciale en Belgique et dans l’UE, trop de décideurs se laissent séduire par la rhétorique selon laquelle il devrait y avoir une « pause » dans les nouvelles règles environnementales et que le terme de greenwashing « net zéro » vaut en quelque sorte autant qu’un « vrai zéro » émission. Il incombe pourtant à ces décideurs politiques de faire preuve d’un véritable leadership pour ne pas suivre aveuglement les derniers discours alarmistes, populistes et motivés par l’appât du profit à court terme au détriment de l’intérêt général.
Au lieu d’être le fer de lance dans la lutte contre ces lobbies pour inverser la tendance, vous auréolez aujourd’hui les grandes industries polluantes en leur donnant un accès privilégié à des décideurs de haut niveau et en leur faisant miroiter un soutien politique et stratégique encore plus important.
Cet événement est une insulte. Une insulte aux communautés flamandes, en particulier celles qui subissent la pollution aux PFAS – dits polluants éternels – de l’usine 3M à Anvers. Une insulte à la Wallonie, connaissant à son tour une pollution chimique de son eau de distribution par ces mêmes familles de substances. Une insulte au reste de l’UE et au-delà, à celles et ceux qui sont actuellement confrontés et exposés aux nombreuses pollutions environnementales générées par l’industrie et impactant sur le long terme la santé humaine, la biodiversité locale, l’air que nous inhalons, l’eau que nous buvons, et les aliments que nous mangeons.
En mettant l’accent sur le « business case » de l’industrie et même sur un « European Industrial Deal », cet évènement manque de lucidité et va à l’encontre de la promesse fixée par votre Présidence d’une « action décisive et holistique » pour s’attaquer aux crises climatiques, de la biodiversité et de la pollution. Au contraire, cette rencontre donne aux grandes entreprises un blanc-seing pour continuer à promouvoir leur agenda et à éviter les législations contraignantes au travers d’un lobbying intensif et mensonger, tout en sollicitant des subventions publiques.
Cet événement, et l’agenda politique qu’il représente, ne devrait pas avoir lieu.
Les signataires : Humundi, Corporate Europe Observatory, Pesticide Action Network (PAN) Europe, Canopea, Climaxi, Bond Beter Leefmilieu, Gondrecht, LobbyControl, WeMove Europe, Hogar sin Tóxicos, Eco Hvar, Isde, International Society of Doctors for Environment, Ecologistas en Acción, Foundation for the protection of Biodiversity in Bulgaria, POLLINIS, Break Free From Plastic Europe, IndyAct, Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), GMWatch, Entraide et Fraternité, Foodwatch Netherlands, Générations Futures, Shahidul Haque, Association For Promotion Sustainable Development, Ecology without borders foundation, Stichting Mission Lsnka, Race for Water, Polish Zero Waste Association, Plastic Change , Hamraah Foundation, Pesticide Action Network in Mexico (RAPAM), Women on Farms Project, South Africa , Via Pontica Foundation, Natagora, Women Engage for a Common Future – WECF , Euro Coop, Association of Ethical Shareholders Germany, Pesticide Action Network Netherlands, ZERO – Association for the Sustainability of the Earth System, Muchi Children’s Home , SOS Faim Luxembourg, Les Amis de la Terre – Belgique, CIEL, Observatoire du principe pollueur-payeur, EEB European Environmental Bureau, Nature & Progrès , Pesticide Action Network (PAN) Germany, Institute for Agriculture and Trade Policy Europe, Plastic Soup Foundation, The Good Lobby, Aurelia Stiftung, La Grande Puissance de Dieu.