13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite8 juillet 2019
Antoinette Dumont, Docteur en Agronomie à l’UCLouvain, Chercheuse spécialiste des questions relatives aux conditions de travail et d’emploi des maraîchers en agroécologie en Wallonie.
Sur base de vos analyses, les conditions de travail des maraîchers wallons agroécologiques sont-elles satisfaisantes ? Sinon, quels sont les éléments du système à changer en priorité ?
Sur le plan financier, les maraîchers agroécologiques travaillent beaucoup pour un salaire insuffisant : 54 heures par semaine en moyenne pour un bénéfice d’environ 2000 €. Sur ce bénéfice, ils doivent donc encore payer leurs impôts mais aussi se payer et rembourser leurs crédits. Outre cette situation financière difficile, partagée par de nombreux producteurs en conventionnel également les producteurs agroécologiques rencontrent des obstacles qui rendent la viabilité sociale et économique de leur ferme difficile. Pour améliorer leur situation, il faudrait notamment :
Nick Jacobs, Directeur de l’IPES-Food (Panel International d’Experts sur les Systèmes Alimentaires Durables)
L’IPES Food a rédigé un rapport sur 7 études de cas de transition agroécologique. Pourriez-vous partager votre analyse du potentiel de l’agroécologie?
Contrairement à l’agriculture industrielle, l’agroécologie a le potentiel de produire des rendements solides et stables sur la base de systèmes de production à petite échelle, d’écosystèmes florissants et de la biodiversité – et non pas à leurs dépens. Pour que l’agroécologie puisse prospérer, il est nécessaire de développer des systèmes alternatifs basés sur de nouveaux modèles de formation et de partage des connaissances, des chaînes d’approvisionnement alternatives et un rapprochement entre producteurs et consommateurs.
Edgar Alanoca, Ingénieur agronome au sein de l’AOPEB, il accompagne les producteurs de café dans la transition agroforestière.
Qu’est-ce qui manque pour que l’agroécologie soit crédible pour les producteurs de café?
Il manque des parcelles d’expérimentation qui démontrent aux producteurs la rentabilité et l’intérêt de ce système, des ateliers de renforcement de capacités en gestion financière afin que les producteurs maitrisent mieux leurs coûts de production et réalisent des plans financiers annuels. Le producteur vit de la vente de sa production : si on lui démontre que grâce à la diversification proposée par l’agroforesterie, il améliore sa rentabilité, alors c’est gagné.
Isabelle Martin, éleveuse de bovins de la race Blonde d’Aquitaine et membre de l’Assemblée générale de SOS Faim.
Quelle intégration de l’agroécologie faites-vous au sein de votre ferme ? En quoi cela fait-il sens pour vous ?
Je pratique un mode d’élevage herbager, extensif et autonome sur prairies permanentes. L’agroécosystème prairial, avec un élevage extensif, est capable de répondre aux défis auxquels notre monde en mutation est confronté : la prairie capte le carbone, génère de la biodiversité et est une culture énergétiquement sobre.
Mbayang Touré, appui technique au sein de la FONGS au Sénégal.
Votre fédération paysanne promeut de plus en plus les pratiques agroécologiques auprès de ses associations membres. L’un de vos membres a réalisé un diagnostic de ses pratiques, quelles conclusions et quels enseignements en tirez-vous ?
La grille est une porte d’entrée intéressante de discussion avec nos membres. Pour la suite, nous devons nous réapproprier l’outil et intégrer la dimension agroécologique dans nos outils d’accompagnement et de suivi. Concrètement, cela suppose de mettre en place un plan d’action pour opérer cette transition agroécologique aux niveaux des exploitations et des terroirs. Enfin, nous pourrons capitaliser et produire de la connaissance sur ces démarches pour accompagner la transformation des exploitations familiales.
Om Koulsoum Sawadogo, Chargée du Plaidoyer en Afrique de l’Ouest à SOS Faim et basée au Burkina Faso.
Y a-t-il des mesures politiques qui soutiennent l’agroécologie aujourd’hui au Burkina Faso ? Quelles sont les perspectives en la matière?
L’État Burkinabé soutient l’agroécologie à travers la mise à disposition des producteurs d’une quantité insuffisante d’intrants biologiques (pesticides bio et fumure organique) subventionnés. Le Ministère en charge de l’Agriculture prévoit : de promouvoir l’agroécologie et l’agriculture biologique et d’élaborer une stratégie nationale et d’intensifier la production agroécologique à destination du marché privé, dans le cadre du projet « Agriculture contractuelle et transition agroécologique ».
Cet article est tiré du Supporterres n°8 de Juin 2019 : « Agroécologie, système D(urable) ». Pour en savoir plus sur l’agroécologie, n’hésitez pas à consulter le numéro complet.