13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite3 décembre 2019
En mai dernier, des milliers de paysan.ne.s ont mené une grève agraire dans 15 régions du Pérou. Les grévistes étaient, entre autres, emmenés par la Convention nationale de l’agriculture péruvienne (CONVEAGRO), partenaire de SOS Faim. La pression fut telle qu’ils ont obtenu le lancement d’un dialogue multisectoriel avec l’État et le résultat, après clôture de ce processus de dialogue est très encourageant.
CINQ THÉMATIQUES POUR ALIMENTER LES ÉCHANGES
Des tables thématiques ont ainsi été lancées comme un processus transitoire pour répondre à la grève agraire et ont fait l’objet d’un cadre légal sur leur fonctionnement et sur leur contenu. Ces tables, coordonnées avec le ministère et la société civile, étaient divisées en cinq sujets :
88 PROPOSITIONS, 82 ACCEPTÉES
Après six mois de discussions, les revendications à la base de la grève se sont transformées en 88 propositions. Des 88 propositions, 82 ont été approuvées ! Ce qui montre la réelle prise en compte par les politiques des enjeux agricoles et particulièrement de l’agriculture familiale. On peut d’ailleurs pointer que la mobilisation nationale autour de cette grève est une première qui a eu un effet direct sur la prise de conscience de ces thématiques par l’État et ce, à des niveaux multiples puisque pas moins de 6 ministères ont été impliqués dans le processus de dialogue.
Parmi les 82 propositions qui ont été approuvées on peut notamment citer :
Pour ce dernier point, CONVEAGRO a bénéficié de l’appui de SOS Faim pour pouvoir mettre à l’agenda une thématique spécifique du secteur tel que le café.
CONVEAGRO avec SOS Faim continuent leur plaidoyer pour donner suite à ces propositions (processus d’implémentation, budget) et que cela ne soit pas uniquement une déclaration pour tempérer la grève et ses acteurs. Le pays traverse actuellement une importante crise institutionnelle qui a vu le congrès dissous entretemps fin septembre. Il sera donc important de suivre la concrétisation de ces promesses au niveau législatif après les nouvelles élections anticipées de janvier 2020.
ENCORE DEUX REVENDICATIONS PRINCIPALES A PORTER
Parmi les propositions, deux revendications clés de CONVEAGRO n’ont pas été acceptées.
La première concerne la réinstauration de barrières douanières. Le Pérou est un pays qui a de très faibles barrières aux importations ; plusieurs des pays auxquels le Pérou achète des produits alimentaires maintiennent des protections pour leur propre agriculture avec un déséquilibre au détriment du Pérou.
La deuxième demande refusée a trait à un mécanisme de financement des organisations agricoles : un impôt sur les ventes qui revient aux organisations et leur permet de rester autonome et d’assurer leur propre durabilité.
Deux points noirs donc, et non des moindres.
RESTER VIGILANTS
Au sein du congrès, une journée dédiée uniquement aux questions agricoles a eu lieu le 15 juin, une première. A la fin de cette journée, 14 projets de lois ont été approuvés, projets qui étaient en pause depuis plusieurs années. Parmi les lois approuvées, on peut nommer une loi de promotion des marchés de producteurs, une loi sur les normes de production écologique, sur la gestion des eaux, sur l’étiquetage qui mentionne l’origine des produits ou encore la reconnaissance du système participatif de garantie demandée par par l’Association Nationale des Producteurs Ecologiques – CONVEAGRO et soutenue par SOS Faim.
Enfin, troisième succès récent pour CONVEAGRO, fin novembre, en marge du congrès national de CONVEAGRO, le président de la République du Pérou, Martín Vizcarra (au centre de la photo), a déclaré le lancement de la décennie de l’agriculture familiale (2019-2028) ainsi que l’approbation du plan national d’agriculture familiale. C’est le résultat du travail de plaidoyer de CONVEAGRO pour implémenter cette décennie, lancée par l’ONU, au Pérou. Même si cette déclaration est encourageante, comme évoqué ci-dessus, il est nécessaire d’avoir un plan effectif derrière avec un budget et des mesures tangibles. Le changement de vision ne se fera pas du jour au lendemain et pour qu’une culture en remplace une autre, il est nécessaire que les conditions qui la rendent possible préexistent.