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17 juin 2022

Souveraineté alimentaire : les mangeur.se.s ont leur mot à dire

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« Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable» : telles sont les ambitions pour le monde de demain évoquées dans l’objectif n°2 de Développement Durable (l’ODD2) des Nations Unies. Dans le monde d’aujourd’hui, près de 811 millions de personnes souffrent de la faim et deux milliards sont en surpoids ou souffrent d’obésité. Dans un tel contexte, l’ODD2 apparaît comme un mirage.

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LE PAYSAGE

Le système alimentaire actuel est incompatible avec les défis de notre temps. Au Mali, l’AMSD (Association Malienne pour la Solidarité et le Développement) propose une porte de sortie : une démarche agroécologique centrée sur le consommateur. « La santé n’a pas de prix. Des maladies qu’on n’a jamais connues par le passé sont en train de faire des ravages au sein de la population, il est temps de revoir les choses » affirme Hamidou Diawara, son président.

S’il est vrai que l’agriculture contribue largement au Produit Intérieur Brut de l’État, c’est vrai aussi que le Mali, en tant que pays sahélien, subit de plein fouet les effets du changement climatique. Là-bas, la culture céréalière est pluviale, ainsi l’alternance d’inondations et de périodes de sécheresse expose la population à des crises alimentaires récurrentes. Des rendements de plus en plus faibles s’accompagnent de faibles revenus pour les producteurs et d’une précarité générale – des circonstances qui entravent la poursuite d’une transition verte et d’un système productif vertueux.

UNE ROUTE SEMÉE D’EMBÛCHES

Malgré les évidences en faveur de l’agroécologie (y compris comme arme contre le changement climatique), les changements sont lents. Le manque de produits agroécologiques transformés sur les marchés pousse les consommateurs à se tourner vers le conventionnel. De plus, les consommateurs sont peu informés sur les atouts de cette pratique et, pour ceux qui le sont, les prix restent élevés. Les produits agroécologiques restent donc difficilement rentables pour les producteurs et peu accessibles aux consommateurs.

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L’accessibilité se doit d’être financière mais aussi géographique : le mauvais état des routes empêche souvent l’acheminement de la production vers les villes. Peu de marchés sont conçus de manière à mettre en valeur de tels produits. Pour que les principes de souveraineté alimentaire priment, une réforme du système alimentaire s’impose : de la fourche à la fourchette.

LA DESTINATION

Qui dit agroécologie, dit respect de l’environnement, santé pour tous, création d’emploi et de valeur – en somme, durabilité économique, sociale et environnementale. La pérennité de ces acquis repose sur des produits agricoles de qualité, des prix stables et des consommateurs engagés. C’est pourquoi, au Mali, la transition agroécologique passe par la mise en place d’un Système Participatif de Garantie (SPG), défini comme système d’assurance qualité axé sur la réalité locale. L’idée de l’AMSD est de créer un cadre au sein duquel tous les acteurs concernés (du producteur au mangeur) puissent s’exprimer
et définir, en s’inspirant du Codex Alimentarius, les meilleures conditions de production, stockage et distribution des produits locaux. En résultent des aliments homologués et conformes aux normes agroécologiques.

Entre les producteurs et les consommateurs s’instaure un rapport de confiance et de solidarité basé sur le partage des connaissances. Pour le producteur (ou les groupes de producteurs), le respect du cahier de charge défini par le Comité National de Certification (CNAC) est sanctionné par la délivrance d’un certificat d’une durée de 2 ans. De ce fait, ses produits disposeront d’un code assurant leur traçabilité et du label Bio-local, les distinguant de ceux issus de l’agriculture conventionnelle.

POUR QUELS BÉNÉFICES ?

On estime que la mise sur le marché des produits certifiés pourrait rapporter aux producteurs jusqu’à 20% de plus sur leur revenu. Des bénéfices dériveraient également du fait que les pratiques agroécologiques permettraient, à terme, de réduire les coûts de production, donc les prix, et de rendre alors ces produits accessibles au plus grand nombre. L’adhésion au Système Participatif de Garantie se fait sur base bénévole – d’où la réduction des coûts liés à la certification. L’AMSD compte y impliquer 2 000 consommateurs, 60 transformateurs, 100 commerçants, 5 hôtels, 10 restaurants et 800 producteurs – notamment des jeunes et des femmes. Puisque tout le monde trouve son compte – du producteur en quête de reconnaissance au consommateur en quête de sens – il ne reste qu’à accueillir le changement avec enthousiasme.

Rédigé par Dieyenaba Faye, Volontaire pour le Supporterres « Manger, c’est supporter ! »

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