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29 avril 2022

La mainmise de la grande distribution sur les terres agricoles

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Abdoulaye Ouedraogo, directeur ONG APIL (Burkina Faso)

« L’accaparement des terres par les grosses entreprises, c’est le même combat au nord et au sud » affirme Abdoulaye Ouedraogo, directeur de l’Association pour la Promotion des Initiatives Locales au Burkina Faso (APIL), l’une des organisations partenaires de SOS Faim. Ce sont les mots qu’il nous partage après avoir participé à nos côtés à la Journée Internationale des Luttes Paysannes, organisée cette année pour dénoncer la stratégie de rachat de terres agricoles par le groupe Colruyt.

Rappelons que la Journée des luttes paysannes, qui a lieu chaque année le 17 avril, commémore l’assassinat en 1996 de 19 paysans brésiliens du « mouvement des travailleurs sans terres », en lutte pour revendiquer leur droit à la terre. A trois décennies d’écart, les deux mouvements entrent en résonance : l’accès au foncier reste un enjeu majeur pour l’avenir de l’agriculture.

Retour sur la journée internationale des luttes paysannes  

Ce 15 avril, nous étions à Halle, devant le centre administratif de Colruyt aux côtés du RÉSAP (Réseau de soutien à l’agriculture paysanne), du MAP (Mouvement d’Action Paysanne), de la FUGEA (syndicat agricole) et de différents acteurs de la société civile pour réaffirmer nos déterminations à défendre l’agriculture paysanne et rappeler que la lutte est internationale.

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L’accusation est claire : la chaine de supermarchés belge Colruyt acquiert de plus en plus d’hectares de terres en Flandre et en Wallonie. À la suite de ces acquisitions, la multinationale passe des accords avec les agriculteur.rice.s afin qu’ils.elles produisent exclusivement pour Colruyt, selon les termes et conditions que la société leur impose.

La démarche témoigne, à notre sens, d’une très nette volonté de Colruyt d’étendre son pouvoir de décision sur tous les maillons de la production. Ce qu’on appelle l’intégration verticale. Par ce biais, Colruyt s’approprie les outils de production, tout en spéculant sur la valeur financière des terres agricoles. En résulte une perte d’autonomie pour les agriculteur.rice.s, privé.e.s de leur liberté et de leur autonomie. La FUGEA va même jusqu’à dénoncer un retour au modèle du « servage féodal ».

Durant cette journée, près de 200 personnes ont exprimé leur opposition complète vis-à-vis des visions de Colruyt. « La terre est un bien commun, qui n’appartient à personne » confie Louis, agriculteur et président du MAP, et les rachats par Corluyt contribuent à la hausse du prix des terres agricoles, déjà difficilement accessibles pour les nouvelles générations d’agriculteur.rice.s belges. Tout cela contribue à fragiliser encore davantage le modèle d’agriculture familiale durable, garant de notre souveraineté alimentaire.