13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite1 septembre 2022
Et si la modernité passait aussi par la valorisation du travail des agricultrices ? Les femmes jouent un rôle primordial dans la production agricole au niveau mondial. Elles constituent bien souvent un pilier dans les activités agricoles et nourricières. Pourtant, leur travail est souvent invisibilisé. En République Démocratique du Congo, plusieurs projets voient le jour pour mettre en lumière ce travail et l’importance des femmes dans le milieu agricole.
Labour, semis, entretien des cultures, récolte, commercialisation,… Le travail des agricultrices congolaises est crucial pour le développement socio-économique du pays, pour le développement de leur ménage mais aussi pour l’économie locale. Ces agricultrices travaillent principalement dans les cultures vivrières, pour assurer les besoins alimentaires de leurs familles et de la population locale : ce sont elles qui produisent 80% des aliments consommés dans le pays.
Les agricultrices sont confrontées à divers problèmes : un manque de moyens financiers pour se procurer des semences et outils de bonne qualité, un accès difficile aux terres (qui appartiennent très souvent aux hommes), ou encore une insécurité permanente et une violence systémique qui s’applique envers elles.
Souvent, en milieu rural, les coutumes continuent à dicter les règles. Le statut de femme agricultrice n’est pas reconnu, les inégalités dans la répartition des tâches agricoles prospèrent. Les agricultrices congolaises font face à des contraintes liées au genre qui limitent leur capacité à accéder aux informations et aux opportunités agricoles. Face à cela, des lois ont été mises en place. Toutefois, elles ne suffisent pas à améliorer cette situation.
Des initiatives pour faire reconnaitre et valoriser le travail des agricultrices en RDC et dans d’autres pays existent. Ces actions s’élèvent directement des milieux ruraux pour apporter une nouvelle dynamique, un changement radical pour le rôle et le statut de l’agricultrice.
La CONAPAC (Confédération Nationale des Producteurs Agricoles du Congo) a construit une politique « genre » et mis en place des principes d’équité pour contribuer à l’égalité hommes-femmes au sein du mouvement paysan. Ce mouvement paysan demande ainsi à ses membres de mettre une série d’éléments en application : garantir la participation équitable des hommes et des femmes dans la direction des exploitations agricoles, garantir un accès égal aux bénéfices des exploitations, garantir un accès équitable à la terre, aux infrastructures, aux semences, aux machines agricoles, etc. La CONAPAC soutient aussi les organisations de femmes agricultrices et les aide à se structurer.
De son côté, l’ANPC (Académie Nationale Paysanne Congolaise) vise également l’émancipation des agricultrices. L’ANPC soutient les femmes et les mène vers une professionnalisation de leur travail. Victorine Nzyavake Vasianirya, directrice de l’ANPC et agricultrice, explique :
« Nous proposons des formations pour que les femmes puissent se professionnaliser dans diverses filières agricoles et nous leur apprenons également comment tenir les comptes de leur exploitation. ».
L’ANPC travaille en ce sens pour la diminution des discriminations et des inégalités liées au genre dans le secteur agricole.
Par endroits, certaines femmes se liguent et se réunissent pour partager leurs savoirs, leurs expériences et bonnes pratiques. Ensemble, elles font aussi du lobbying pour défendre leur cause. L’ANPC soutient ces réseaux et organisations d’agricultrices.
« Nous les encourageons à adhérer aux coopératives agricoles locales et nous les aidons à créer leurs propres entreprises, qui constituent une alternative face au secteur agricole traditionnel qui ne les soutient pas. »
Ces mouvements paysans sont également essentiels pour faire entendre les voix et messages des agricultrices auprès des instances politiques et tenter de faire évoluer les choses au niveau national.
Ces initiatives constituent une voie vers l’autonomisation des agricultrices, qui s’avère nécessaire au niveau local, national et mondial. Il est impératif que les femmes paysannes puissent obtenir davantage de moyens de production (crédits, infrastructures, terres, etc.), accroitre leur revenu, être plus autonomes et obtenir de meilleures conditions de travail et de vie. De cette manière, leur apport au développement socio-économique du pays n’en sera que plus fort, et elles pourront contribuer efficacement à la sécurité et la souveraineté alimentaire en République Démocratique du Congo.
Rédigé par Ophélie Michelet, Volontaire pour le Supporterres « Quelle modernité pour l’agriculture durable ? »