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31 mars 2023

IDEE RECUE #6 : « Le système industriel permet de produire une alimentation peu coûteuse donc accessible à tou.te.s »

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Du Sénégal à la Belgique, deux initiatives nous invitent à ne plus penser comme antinomiques les termes « alimentation saine » et « accessibilité ». Emilie Hardy à Bruxelles et Amadou Kanouté à Dakar nous partagent comment, dans leur activité respective, ils parviennent à combler l’écart entre les deux notions. Cela à base d’ingrédients spécifiques comme la solidarité, la collaboration avec les politiques et la sensibilisation des publics.

Mr Kanoute 600x450 1 - Humundi : IDEE RECUE #6 : « Le système industriel permet de produire une alimentation peu coûteuse donc accessible à tou.te.s »

AMADOU KANOUTÉ

Directeur exécutif de CICODEV, Sénégal.

Que faut-il privilégier pour favoriser un accès à une alimentation saine pour tou.te.s au Sénégal ?

L’information et la sensibilisation des consommateurs.trices et producteurs.trices en vue d’inverser les modèles de production et les choix de consommation alimentaire qui ne sont pas sains ou durables est une priorité. Il faut également promouvoir l’agroécologie pour des pratiques culturales qui favorisent une production d’aliments sains.

Ensuite, il faut privilégier la transformation sur place des productions puis un accès aux marchés proches géographiquement. Enfin, au niveau politique, il faut veiller à la régulation des marchés pour augmenter la place dédiée aux produits locaux dans différentes zones.

Comment CICODEV favorise-t-il l’accès à une alimentation de qualité au Sénégal ?

La mission du CICODEV à ce niveau se divise en différents axes qui recoupe les axes que je viens de mentionner. Nous veillons à la sensibilisation de tous les acteurs de la chaine : producteurs.trices, transformateurs.trices, distributeurs.trices, ménages, consommateurs.trices. Nous effectuons des analyses et tests comparatifs de produits locaux et importés pour inverser les choix de consommation vers des produits locaux à haute valeur nutritive et nous améliorons la visibilité des produits locaux à haute valeur nutritive.

Nous menons aussi des actions de plaidoyer et de représentation auprès des décideurs pour influencer les politiques publiques. Enfin, nous travaillons aussi pour l’accès à des denrées locales et biologiques dans les cantines scolaires.

Pouvez-vous citer quelques obstacles à une alimentation saine pour tou.te.s au Sénégal ?

Les modèles de consommation promus par le modèle industriel et adoptés par les couches moyennes détournent les populations des produits locaux pourtant plus nutritifs que les produits industriels.

Un autre barrage est la difficulté et le coût d’accès à l’eau qui plombent les capacités de production des exploitations familiales. Et aussi le manque d’infrastructures et de moyens de stockage dans certaines zones.


EMILIE HARDY

Coordinatrice de NoJavel, Belgique.

Que fait l’association NoJavel à Bruxelles ?

NoJavel est une asbl qui fait de la récupération alimentaire et non alimentaire. Soit directement avec des cagettes de produits bio qu’on distribue aux personnes précaires soit via des banques alimentaires. Les cagettes sont à prix libre et les produits sont frais et biologiques. Les produits sont récupérés dans des commerces ou des grossistes biologiques, mais aussi chez des agriculteurs.trices ou artisan.e.s en boulangerie qui peuvent nous appeler pour nous donner des surplus.

Quels sont les différents profils sociaux qui viennent chercher des produits à NoJavel ?

On fonctionne sur la confiance, c’est-à-dire qu’on ne demande pas de preuve de la précarité des gens qui viennent chercher des paniers donc notre public est assez divers : des personnes qui n’ont pas de papiers et pas de revenus, des personnes qui ont des emplois mais en situation de précarité, des personnes qui sont en situation de surendettement ou des parents solo, des étudiant.e.s. Ça dépend aussi des périodes. En fait, on travaille à la fois dans l’urgence et aussi avec des gens qui viennent depuis des années.

Comment est-ce que vous faites pour sensibiliser ces publics à des produits qu’ils n’ont peut-être pas l’habitude de manger ?

On sensibilise beaucoup notre énorme équipe de bénévoles qui s’occupe de la distribution. On a des produits qui sortent vraiment de l’ordinaire, alors on explique ce que c’est : « ça, c’est un topinambour, c’est super bon poêlé », on donne des petits conseils de cuisine.

Que faudrait-il pour que votre action se pérennise ?

Il faut d’abord des personnes motivées pour faire tenir le projet. Ensuite, il faudrait qu’on soit reconnu par les sphères institutionnelles pour inciter vraiment les acteurs, les grossistes, les marchands à dédier une part de leurs produits à l’aide alimentaire. L’idéal serait de pouvoir aller chez les producteurs.trices et d’avoir les moyens de leur donner quelque chose pour pérenniser leur activité.

Rédactrice : Adèle Funes

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