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Après deux heures de route sur piste et au milieu des forêts tropicales humides des yungas, nous arrivons à la ferme de la famille Peralta, membre de Montaña Verde, elle-même membre de l’AOPEB, partenaire de SOS Faim.
Dans l’exploitation familiale, la jeune génération prend le lead de la production de café « écologique ». Les expérimentations démarrées en 2011 commencent à porter leurs fruits. Les jeunes développent leurs compétences en agriculture écologique : pas de brulis, récupération de la matière organique, utilisation de microorganismes pour faciliter la décomposition, fertilisation des sols avec les déchets organiques, production de fertilisant naturel sont autant de pratiques mises en œuvre pour préserver la « Pachamama ».
Côté rendement, c’est la sélection des variétés locales résistantes à la rouille (maladie) et l’augmentation de la densité qui permet de viser des rendements d’au moins 2.5 tonnes de café oro[1] à l’hectare, pouvant représenter jusqu’à 15 000 dollars de vente. Côté économique, en plus du café, on compte sur une bonne maîtrise des charges avec une utilisation optimum de la main-d’œuvre familiale ainsi que sur la diversité des cultures dans le temps et dans l’espace (piments, bananiers, avocatiers et arbres). Ces cultures permettront des rentrées d’argent ou viendront varier les menus.
À Caranavi, « capitale » du café des yungas, les habitants sont fiers de ces premiers résultats mais restent inquiets: le programme du gouvernement d’appui au secteur du café vient d’être ajourné. Or, les séquelles des très mauvaises récoltes de 2015 sont encore visibles et la crainte que le modèle conventionnel développé par quelques gros producteurs ne vienne « contaminer » les efforts de l’AOPEB est palpable. L’AOPEB s’investit beaucoup au sein des instances publiques pour favoriser le dialogue entre producteurs, universités et communes et faire émerger des projets pour la filière.
L’expérience appuyée par SOS Faim avec l’AOPEB n’est pas une exception : de multiples organisations de producteurs se professionnalisent dans le développement de systèmes agroforestiers. Favorisant la résilience des exploitations familiales et la durabilité des systèmes de production, ils ont l’avantage d’être centrés sur une production phare comme le café ou le cacao. Cette particularité permet un accès à un marché rémunérateur relativement facile.
Depuis 2017, SOS Faim soutient ses partenaires dans cette transition écologique. Au-delà d’encourager quelques bonnes pratiques au niveau local, il s’agit de soutenir des trajectoires de changement de modèle en vue de construire une nouvelle économie agricole et rurale plus juste et porteuse d’espoir pour les jeunes. À n’en pas douter, le chemin sera long mais passionnant dans la jungle infinie des alternatives agroécologiques de demain.
Rédaction : Dominique Morel, Responsable des Partenariats, membre du groupe de travail Agroécologie de SOS Faim
[1] Café en grain, séché avant torréfaction
Cet article est tiré du Supporterres n°3 de mars 2018 « Le Pachamama dans tous ses Etats ». Pour en savoir plus sur nos partenaires et bénéficiaires boliviens, découvrez le numéro complet.