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1 septembre 2022

Modernité et adaptation

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photo Edito 600x450 1 - Humundi : Modernité et adaptation
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Pour ce numéro du Supporterres nous partons de deux idées préconçues. La première est que l’agriculture paysanne est un modèle archaïque, resté coincé dans le passé. La seconde est que la « modernisation de l’agriculture » est nécessairement associée à la haute technologie et à la chimie. Ces deux idées nous plongent dans un faux débat : faut-il moderniser l’agriculture ou résister à la modernité ? ». Peut-être s’agit-il simplement de revisiter le terme de modernité.

En effet, dans son sens premier, associé au progrès, la modernité ne comporte rien de péjoratif. Puis, comme le dit l’expression, le progrès, ça ne s’arrête pas. Les sociétés inventent constamment, améliorent, imaginent. Cependant, dans le secteur de l’agriculture, deux questions fondamentales doivent être posées : dans quelle direction voulons-nous que cette modernité nous mène ? Et qui décide de la direction à prendre ? Actuellement, et depuis les années 60, les grands décideurs du chemin que prend la modernisation sont les banques, les entreprises qui fournissent les semences et les intrants et celles qui achètent en grande quantité les produits. On parle de « spéculations ». Et cela se fait, bien souvent, au détriment des agriculteur.rice.s.

Et pourtant, si l’hyper méca/motorisation de l’agriculture et les biotechnologies ont rendu le travail moins pénible dans certains contextes, on ne peut pas affirmer que cela ait bénéficié à tous. De fait, les problèmes de pauvreté et d’inaccessibilité des denrées alimentaires persistent dans de nombreuses régions du monde et les problèmes comme la dégradation des sols et de la biodiversité se sont amplifiés.

Toutefois, dans ce numéro, nous découvrirons que la modernité peut se redéfinir au-delà des avancées « high-tech » industrialisées. Selon l’agronome Marc Dufumier, « une modernité synonyme de progrès ne serait peut-être pas là où l’on aurait pensé la trouver ». En effet, la modernité, ça peut aussi être la manière de réactualiser des savoirs ancestraux en les croisant avec de nouvelles connaissances pour répondre aux enjeux actuels. Il ne s’agit pas forcément de remplacer, ou d’oublier des savoir-faire. Pourquoi ne pas tout garder et voir ce qui fonctionne, ce qui est le plus adapté ?

Par ailleurs, la modernité ne réside pas que dans les pratiques techniques et les outils. Elle peut aussi s’incarner dans de nouvelles manières de travailler, en collectif, ou encore de manière plus inclusive. Les mœurs changent et se moderniser c’est aussi s’adapter. Nous découvrirons quelques sources d’inspirations dans ce numéro, à travers des exemples de banques de semences en Ethiopie ou de reconnaissance plus juste du travail des agricultrices en République Démocratique du Congo.

Rédigé par Adèle Funes, Rédactrice en chef du Supporterres (ad interim).

Supporterre N°21

Modernité et adaptation