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Les plantations forestières ont connu une croissance fulgurante au cours de ces dernières décennies, passant de 167,5 millions d’hectares (ha) en 1990 à 277,9 millions d’ha en 2015 à l’échelle du monde. Elles ont vocation à atténuer la pression exercée sur les forêts naturelles et à parer à une éventuelle pénurie de bois ainsi que d’autres produits forestiers, du fait d’une augmentation de la consommation mondiale. En cela, elles répondent à un impératif environnemental, économique et social. Mais la foresterie de plantation suscite quelques inquiétudes dès lors qu’elle se transforme en sylviculture intensive. D’où la nécessité de promouvoir des méthodes de gestion forestière durables
LE REBOISEMENT, UNE TRIPLE EXIGENCE ENVIRONNEMENTALE, ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
D’après la FAO, le reboisement est le « rétablissement d’une forêt par plantation et/ou ensemencement délibéré sur des terres classifiées comme forêts ». Il s’agit d’une opération qui consiste à régénérer artificiellement une forêt naturelle détruite par une série de causes (surexploitation, incendie, etc.).
Les forêts plantées sont donc d’une grande utilité : sur le plan environnemental, elles participent à la conservation des forêts naturelles en réduisant la déforestation, en améliorant et en restaurant les terres dégradées, en séquestrant le dioxyde de carbone et en luttant contre le changement climatique. Les plantations peuvent également être utilisées pour réguler le cycle de l’eau, réduire l’érosion des sols et atténuer la désertification ; sur le plan économique, les forêts plantées peuvent créer des opportunités d’emploi et des revenus pour les communautés locales, tout en contribuant à la dynamisation des économies régionales et nationales dans certains pays, comme le Brésil, le Chili et la Nouvelle-Zélande ; sur le plan social, elles peuvent offrir, notamment dans le cadre de systèmes agroforestiers, différents produits forestiers (bois, bois de chauffage, paillis), ainsi que plusieurs services écosystémiques.
Mais ce que certains préfèrent qualifier de « plantation d’arbres » plutôt que de forêts sont souhaitables pour autant qu’elles ne conduisent pas à certaines dérives.
La sylviculture désigne l’ensemble des techniques permettant la création et l’exploitation rationnelle des forêts tout en assurant leur conservation et leur régénération. De nos jours, elle tend à recourir à des traitements intensifs (monocultures, pesticides) qui garantissent une productivité plus élevée. On constate notamment en France un réel engouement pour la culture intensive du douglas par rapport à d’autres essences d’arbres (chêne), car le douglas « a la particularité de pousser vite et de donner un bois résistant », toute chose qui permet aux industriels de vendre plus.
Cependant, ces méthodes intensives entrainent, entre autres, une perte de biodiversité, de fertilité des sols, ainsi que des risques élevés de maladies parasitaires et d’incendies. Pour ne parler que de l’effet sur la biodiversité et la fertilité des sols, l’insecticide Suxon Forest contient une subsistance toxique (imidaclopride) qui ravage les abeilles, tandis que « les aiguilles de pin se décomposent très lentement (…) et donnent un humus acide qui entraîne un appauvrissement en chaîne de tout le milieu ».
Par ailleurs, la mise en place de plantations à grande échelle entrave souvent l’accès des communautés agricoles à la terre et une perte de leurs moyens d’existence.
Il ne faut pas planter des arbres pour le simple plaisir de les planter. Il faut en optimiser les effets environnementaux, économiques et sociaux, en employant des techniques de conception, de plantation et de gestion forestière durable. Par exemple, à la place des monocultures, il serait plus intéressant de promouvoir des plantations mixtes, composées de plusieurs espèces, car cela permet d’accroître la productivité, la résistance et la résilience des plantations.
Pour D’Allens Gaspard, les insectes « font très peu de dégâts dans les forêts mélangées car ils s’attaquent essentiellement aux arbres faibles mais en monoculture leurs populations atteignent de tels niveaux qu’ils dévorent aussi les arbres sains. »
Enfin, il faut sélectionner et combiner des espèces d’arbres qui soient compatibles et adaptées aux conditions du milieu d’accueil, pour éviter notamment des incendies et la disparition des arbres plantés à moyen ou long terme.
En somme, les plantations forestières ne doivent pas se faire au prix d’un appauvrissement des écosystèmes. Elles doivent plutôt les protéger contre toute forme de dégradation, tout en enrichissant la biodiversité.
Rédaction : Joseph Etienne Kolié