13 mars 2025
JAGROS 2025 : Agir pour une agriculture juste et durable
Lire la suite30 mars 2022
Parler d’agriculture, c’est d’abord parler production. Et de fait, c’est le défi n°1 des petits producteurs du monde. Pourtant, sans une commercialisation réussie, la production n’a qu’un impact limité sur la faim, la capacité des agriculteurs à vivre dignement de leur travail et à développer leur activité. Avec la crise sanitaire et la fermeture des marchés locaux, le PAM estimait ainsi à 82% l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim à un niveau critique en 2020 par rapport à 2019.
Pour un agriculteur, vendre est donc également vital, c’est là son 2ème défi. Car les difficultés sont nombreuses : le coût du transport, les consommateurs méfiants envers les produits locaux ou bio, l’insuffisance d’infrastructures de stockage, de transformation ou de distribution dédiées aux petits producteurs, l’obligation de vendre juste après la récolte lorsque l’offre est importante et les prix bas, la fixation aléatoire des prix sans connaissance des « cours » du jour. Et c’est là son 3 e défi : vendre au prix juste.
C’est parce qu’elle est hautement stratégique que la commercialisation est le théâtre d’un rapport de forces inégales aux effets injustes et délétères. Le commerce mondial libéralisé met aujourd’hui en présence, d’un côté, des petits producteurs travaillant avec peu de moyens sur quelques hectares, souvent sans l’aide de leur État au budget agricole limité et préférant soutenir l’agroindustrie d’exportation et, de l’autre, des agriculteurs à la productivité industrielle, souvent subsidiés, encouragés à exporter et bénéficiant de règles internationales favorables permises par les accords de libre-échange. C’est David face à Goliath.
Heureusement, des organisations paysannes s’activent aux côtés des petits producteurs pour les former, faciliter leur accès au crédit, encourager le consommer local, développer les certifications et les achats institutionnels, organiser des outils de commercialisation groupée… Des consommateurs s’engagent pour permettre une commercialisation à prix juste, notamment via le commerce équitable. Des États décident de limiter l’importation de certaines denrées comme le lait au Kenya ou les oignons au Sénégal pour favoriser la commercialisation des produits locaux. Mais c’est bien le cadre politique général qui doit changer avec, d’un côté, des règles du commerce international donnant une place centrale à la souveraineté alimentaire et à la justice et, de l’autre, des politiques européennes justes et cohérentes en termes commerciaux, agricoles et de développement.
Supporterre N°19
Vendre à prix juste