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30 juillet 2021

Retour sur 35 années d’action au Mali

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Depuis 1987, SOS Faim soutient au Mali les paysannes et paysans dans leurs projets par le biais de partenariats locaux avec des institutions de microfinance et des organisations paysannes. Nous soutenons principalement deux filières agricoles : les céréales (en particulier le riz) et le maraîchage, notamment dans la zone de l’Office du Niger. Retour sur 35 années d’action et les avancées en faveur de l’agriculture familiale.

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Kafo Jiginew, en langue bambara « Union des greniers », est une Institution mutualiste d’épargne et de crédit au service des populations à revenus modestes du Mali. Le projet a démarré ses activités en octobre 1987 grâce à la volonté des paysans producteurs de coton qui ont décidé de s’organiser pour pouvoir proposer des services financiers (épargne et crédit) aux membres de l’Union, totalement exclus du système financier traditionnel.

Pour les aider à créer cette première banque rurale du Mali, un consortium regroupant SOS Faim, trois autres ONGs européennes et la Fondation du Crédit Coopératif français décide d’apporter son savoir-faire bancaire et un soutien financier d’environ 1,5 millions €, cofinancé par l’Union européenne.

Ces apports seront fondamentaux pour le lancement du projet : création de la structure mutualiste, dans laquelle chaque client est aussi un membre de l’organisation, financement des infrastructures initiales et du premier fonds de crédit.

Dès sa création, Kafo Jiginew est un succès !

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En moins de 10 ans, 830 villages et plus de 56.000 paysans adhèrent à son réseau, bénéficiant ainsi de crédits au développement d’activités agricoles et commerciales génératrices de revenus et d’un endroit sûr où déposer leur épargne.

Aujourd’hui Kafo Jiginew, devenue totalement indépendante, compte plus de 400.000 membres et octroie chaque année des crédits pour plus de 40 milliards de francs CFA (environ 60 millions €).

L’agriculture malienne repose essentiellement sur des exploitations agricoles familiales, qui emploient 75% de la population active et qui produisent l’essentiel de l’alimentation de la population du Mali. Et pourtant, la plus grande partie du budget national est utilisée au bénéfice de la seule capitale Bamako, au détriment de la majeure partie de la population du pays qui vit en milieu rural.

Pour mieux faire entendre leur voix et pour pouvoir défendre les intérêts des paysannes et paysans qu’elles représentent, les organisations paysannes du Mali ont décidé en 2002 de créer la CNOP, Coordination Nationale des Organisations Paysannes, qui a pour objectif de représenter le monde paysan dans les discussions avec le gouvernement.

SOS Faim soutient la CNOP depuis ses débuts.

En 2005, après des mois de discussions et de négociations, la CNOP a obtenu la reconnaissance officielle des exploitations agricoles familiales dans la nouvelle loi d’orientation agricole.

Cette reconnaissance officielle a permis le début de nouvelles discussions qui ont porté à la création d’un fonds national d’appui à l’agriculture en 2010 et à l’adoption d’une loi sur le foncier agricole en 2017 qui reconnait les terres des communautés rurales en tant que nouvelle catégorie foncière à côté des terres de l’Etat.

Ceci a permis de sécuriser les droits fonciers individuels ou collectifs des paysannes et paysans, à travers la délivrance d’attestations relatives aux transactions foncières agricoles et la mise en place de commissions foncières au niveau des villages comme cadre de gestion des terres et de prévention des conflits fonciers.

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Une victoire fondamentale pour le monde paysan en ce qui concerne l’accès à la terre, qui est un élément primordial pour lutter contre la pauvreté paysanne. En effet, le fait d’être propriétaire de leurs terres permet aux paysannes et paysans de pouvoir investir plus, de façon plus sereine et sur du plus long terme, ce qui a comme effet d’augmenter la productivité des plantations.

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Le Mali a fait de la production de riz une priorité nationale pour assurer la sécurité alimentaire de sa population.

Pour promouvoir et valoriser le riz local et permettre aux producteurs de vivre de leur travail, la PNPR-M, Plateforme Nationale des Producteurs de Riz du Mali, soutenue par SOS Faim, a engagé un plaidoyer fort auprès des autorités du Mali pour la prise en compte du riz local dans les achats des institutions publiques.

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Ces multiples actions entreprises ont poussé le gouvernement du Mali à mettre en place en 2014 une stratégie de valorisation de la production locale du riz à travers des achats institutionnels auprès de producteurs familiaux maliens pour la constitution du stock d’intervention de l’Etat, destiné à des distributions alimentaires et utilisé également en cas de pénurie pour éviter la flambée des prix.

Depuis 2014, trois opérations d’achat institutionnel auprès de producteurs familiaux ont eu lieu. Ces opérations ont permis aux milliers de producteurs familiaux qui y ont participé de vendre leurs productions à un prix supérieur au prix qu’ils auraient obtenu en les vendant séparément, 315 FCFA/kg contre 280 FCFA/kg en 2018/2019, soit une augmentation de 13% de leurs revenus.

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Dans les années à venir, SOS Faim va continuer à soutenir ses partenaires dans la mise en place de projets qui favorisent l’agriculture paysanne.

Plus précisément, SOS Faim va travailler pendant les 5 prochaines années sur :

● La transition agroécologique: la question de la durabilité environnementale des pratiques agricoles est devenue un enjeu mondial incontournable. L’agroécologie constitue une réponse pertinente face au réchauffement du climat et à l’aridification des terres. Elle représente une clé pour la reconquête de la souveraineté alimentaire et pour un développement agropastoral cohérent.

● L’amélioration des méthodes de stockage: le stockage de la production est un problème récurrent au Mali, notamment dans le cadre de la production d’échalotes et d’oignons, avec des pertes qui peuvent monter jusqu’à 60% de la production. À travers la construction de bâtiments bioclimatiques en terre crue, il est possible de descendre à des taux de perte de moins de 20%.

● Le financement de tests et de diffusion du Système de Riziculture Intensif, une technique écologique de production de riz qui combine les éléments sol-eau-plante-lumière de manière harmonieuse permettant à la plante d’exprimer son potentiel de production caché par les pratiques inappropriées. Il s’agit de produire le riz avec très peu de semences, d’eau, d’engrais, grâce notamment à l’apport de matière organique pour avoir un sol riche et bien aéré. Il permet de doubler le rendement en réduisant les coûts de production.