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9 avril 2024

Un SPG au Sénégal, une alternative citoyenne quand le cadre politique manque

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En Afrique de l’Ouest, les terres agricoles certifiées comme biologiques sont rares, représentant seulement 0,1 % au Sénégal, 0,5 % au Bénin et au Burkina Faso et 1 % au Togo. Néanmoins, un grand nombre de petites exploitations familiales choisissent des approches respectueuses de l’environnement et de la santé humaine mais sans visibilité pour le consommateur car le coût de certification par un organisme privé est inabordable. Heureusement, même en l’absence d’un cadre politique adéquat ou d’une certification nationale spécifique, d’autres professionnels et acteurs de la société civile peuvent également établir des structures pertinentes et efficaces. Ainsi, au Sénégal, la Fédération Nationale pour l’Agriculture Biologique (FENAB) a lancé, depuis 2016, un processus participatif visant à établir des normes de base pour l’agriculture biologique au niveau du pays. Ce système est connu sous le nom de Système Participatif de Garantie (SPG).

Les objectifs du SPG

L’implémentation de ce système poursuit plusieurs objectifs. D’abord, contribuer à améliorer la santé des sols, des écosystèmes et de la population. De plus, cette certification inspire confiance aux consommateurs.trices quant à l’authenticité des produits biologiques proposés sur le marché et garantit leur traçabilité. Ensuite, une utilisation durable des terres, des végétaux et des animaux contribue à la sécurité alimentaire sur le long terme, ce qui encourage également une alimentation locale et favorise le développement d’un « patriotisme économique ». Enfin, un autre objectif de l’application de ce label, et non des moindres, est finalement d’augmenter les revenus des agriculteurs et des agricultrices.

Les normes à respecter

Pour pouvoir acquérir le label « Bio SENEGAL », la FENAB a imaginé un cahier des charges dénommé : « Les Normes de Base de l’Agriculture Biologique au Sénégal ». Celui-ci contient des normes à respecter pour toutes les chaines de production comme : respecter les bêtes d’élevage, ne pas se servir d’OGM sur ses terres ou encore utiliser son eau durablement.

La première version de ce cahier des charges a été conçue à travers un processus participatif, avec la supervision d’un comité éthique nommé par la FENAB, qui a intégré l’ensemble des acteurs de l’agriculture biologique, y compris les représentants du Gouvernement du Sénégal, de la recherche agricole, des collectivités locales, des organisations de consommateurs.trices, de transformateurs.trices et de vendeurs.euses, des organisations paysannes et des institutions internationales.

Un temps de conversion

Pour tout.e agriculteur.trice qui souhaite se lancer dans l’obtention d’un label « Bio SENEGAL », un temps de conversion est obligatoire. Pendant cette période, il lui faudra suivre les règles du cahier des charges afin de transformer ses cultures actuelles en cultures biologiques. Le contrôle de la période de conversion est nécessaire, par conséquent, il est essentiel de notifier à la FENAB de tout projet de conversion de parcelle.

Une fois la transition effectuée, des comités locaux mèneront deux visites de contrôle par an pour vérifier la conformité de la production avec les normes de l’agriculture biologique de la FENAB. Seuls ces comités sont autorisés à accorder ou à retirer le certificat biologique à un opérateur.

L’implémentation du SPG au Sénégal

De 2016 à 2019, une phase pilote a été menée à petite échelle au Sénégal dans la région des Niayes afin de tester le concept. Cette étape a permis de faciliter la commercialisation des produits certifiés principalement dans cette région ainsi que dans les centres urbains de Dakar et Thiès. La seconde phase, de 2020 à 2022, avait pour objectif de consolider la mise en place du SPG et d’améliorer la performance et l’autonomie du système. Cependant, l’extension de ce label à l’échelle nationale n’a pas encore pu aboutir. De plus, des problèmes organisationnels ont conduit à des retards dans les visites de contrôle, empêchant ainsi certaines personnes d’obtenir leur label.

Néanmoins, la FENAB a maintenant une compréhension plus approfondie de la mise en place du SPG et certain.e.s producteurs.trices ont été formé.e.s par cette organisation sur les normes à suivre. Elle aspire maintenant à une augmentation des certifications grâce à cette initiative. Maintenant, il reviendrait aux ministères responsables de l’agriculture et de l’alimentation, de la santé et du commerce de prendre l’initiative d’intégrer les SPG dans leurs stratégies politiques, afin de légitimer ce label et de favoriser l’apparition d’innovations.

Rédactrice : Fiona Steyaert

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