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24 novembre 2025

COP 30 Belém : des engagements limités face à l’urgence climatique et alimentaire

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La dernière Conférence des Parties (COP) qui s’est déroulée à Belém a confirmé, une fois encore, l’écart croissant entre l’urgence climatique et la capacité des États à prendre des décisions ambitieuses. Dans un contexte international marqué par le retrait des États-Unis, l’érosion du multilatéralisme et des reculs environnementaux répétés, la COP évite le pire, mais elle ne répond pas à la hauteur des enjeux climatiques, alimentaires et sociaux.

Les négociations ont été marquées par des divergences profondes :

  • Les pays du Sud refusent d’envisager des efforts supplémentaires tant que le financement international — en particulier celui dédié à l’adaptation — n’est pas mieux pris en compte et délivré.
  • Les pays anciennement développés, dont l’Europe, considèrent que la question du financement a été réglée l’an dernier avec le NCGQ (New Collective Quantified Goal). Ils souhaitent désormais recentrer les discussions sur l’ambition climatique, sur la sortie progressive des énergies fossiles.
  • Certains États pétroliers, notamment l’Arabie saoudite, font tout pour préserver leurs intérêts et freiner l’ambition.

Ce blocage a entraîné des effets en cascade dans toutes les discussions de la COP.

Même si l’ambition globale demeure faible, quelques points positifs ressortent :

1. Un mécanisme pour une transition juste

C’est l’une des principales victoires de la société civile, qui plaidait depuis longtemps pour que l’équité, la justice sociale et l’inclusion soient placées au cœur de la transition climatique et de sa gouvernance.

L’engagement de tripler les financements destinés à l’adaptation aux impacts du changement climatique reste flou, car la ligne de base à partir de laquelle ce triplement sera calculé n’a pas été définie.

  • Aucune avancée sur le financement
  • Absence de mention claire de la sortie des énergies fossiles
  • Pas de réaction face au manque d’ambition des plans nationaux (NDC), 
    qui devaient être remis en amont de la COP.
  • Pas de décision sur la déforestation.

Agriculture, alimentation et sécurité alimentaire : un bilan particulièrement décevant

Les enjeux alimentaires, agricoles et de sécurité alimentaire sont totalement absents du texte final.

L’unique (et léger) processus de négociation formel sur l’agriculture devait simplement se mettre d’accord sur les résultats d’un atelier tenu en juin, portant sur les approches systémiques et holistiques pour les actions climatiques dans l’agriculture. Pourtant, il n’a pas abouti.

Deux raisons principales expliquent cet échec :

  • Les pays en développement veulent que les moyens d’implémentation soient au centre des discussions, ce qui a suscité de fortes réticences, notamment du côté européen. Comme souvent, la question du financement a bloqué l’ensemble du processus.
  • Certains États ont tenté d’introduire des notions controversées, telles que l’usage des crédits carbone ou le recours accru à l’intelligence artificielle, alors que des approches plus solides — comme l’agroécologie — avaient été mises en avant lors du workshop de juin.
    La présence massive de lobbyistes de l’agro-industrie et l’influence notable de ces intérêts sur les décisions politiques au Brésil ont certainement aidé à faire remonter à l’agenda des notions « agri-business friendly ».

La Déclaration de Belém sur la faim, la pauvreté et l’action climatique centrée sur l’humain, signée par l’Union européenne et 43 pays, constitue un maigre signal positif. Mais elle reste une initiative volontaire de plus, parmi beaucoup d’autres, qui reviennent chaque année sans générer de grande transformation.