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13 décembre 2017

La faim, un problème de pauvreté

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ethiopie 2009 Patrick Galbats Buusaa Gonofaa 02 1000x987 1 - : La faim, un problème de pauvreté

Le potentiel de production alimentaire de notre planète est énorme : ses ressources sont suffisantes pour nourrir 12 milliards d’êtres humains ! Pourtant, aujourd’hui, 1 personne sur 9 souffre de la faim dans le monde. Soit 815 millions de gens.

En République Démocratique du Congo (RDC) par exemple, la production pourrait être suffisante pour nourrir tout le continent africain. Cependant, 70% des Congolais manquent cruellement de nourriture. Leurs apports alimentaires sont insuffisants pour couvrir leurs dépenses énergétiques journalières, ce qui entraîne des carences nutritionnelles et de graves problèmes de santé.

En RDC comme ailleurs, ce sont principalement des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs, qui souffrent de la faim, alors même qu’ils sont à la base de l’alimentation. À travers le monde, la moitié des personnes souffrant de la faim sont des paysans. Un paradoxe cruel qu’il faut comprendre pour mieux combattre.

Les petits producteurs en grande précarité

L’ouverture des marchés agricoles met en compétition toutes les agricultures du monde alors qu’elles sont issues de contextes de production très différents Sur le marché mondial, c’est le prix le plus compétitif qui dicte sa loi. Pour être compétitif, il faut réaliser des économies d’échelle et donc travailler sur de grandes superficies avec une agriculture fortement mécanisée.

Les petits producteurs quant à eux disposent d’un accès limité et fragile aux ressources (eau, terre) et aux moyens de production (semences, engrais, outils, infrastructures, (in)formation). Ces conditions de travail impliquent qu’ils produisent des volumes trop limités pour proposer un prix compétitif. Dans ce contexte ultra libéral, ils ne parviennent pas à tirer leur épingle dujeu.

De nombreux producteurs abandonnent leur activité agricole et quittent les campagnes dans l’espoir d’un avenir meilleur en ville. Par la même occasion, ils perdent leur sécurité alimentaire puisqu’ils réservaient une partie de leur production à leur consommation propre. Mais les villes ne peuvent absorber ce flux et pourvoir de l’emploi à tous ces gens.

Les migrants, premières cibles de la faim

Les premières cibles de la faim sont certainement les populations déplacées. À cause de catastrophes naturelles, telles que les sécheresses ou les inondations, les productions alimentaires se détériorent. Les locaux finissent par migrer afin d’échapper à la pauvreté et à la famine.

Pour d’autres, la migration est le fait de conflits armés ou de guerres. Des milliers de personnes laissent tout ce qu’ils possèdent derrière elles pour survivre. Ces populations déplacées constituent non seulement les premières victimes de la faim mais cumulent également les problèmes d’accès aux soins de santé et à la scolarité et d’insécurité. Un bien lourd fardeau.

L’enjeu : produire plus ou perdre moins?

Contrairement à ce que les lobbys de l’agro-alimentaire clament, la faim n’est pas une question de manque de nourriture. La Terre est capable de nourrir 12 milliards d’habitants. Chaque année 1,3 milliards de tonnes de nourriture sont jetées. Rejets de produits non-conformes, emballages endommagés, produits périmés et portions trop larges contribuent à ce gaspillage. En amont, on compte aussi de nombreuses pertes alimentaires de l’ordre de 30 à 40% durant les étapes de production, de stockage et de transport. Au total, 1/3 de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée.

Le mot de la faim

SOS Faim combat la faim depuis plus de 50 ans avec ses partenaires en Afrique et en Amérique latine. Sa lecture est que la faim est d’abord et avant tout un problème de pauvreté. Les gens ont faim parce qu’ils sont pauvres et qu’ils ne disposent pas d’un pouvoir d’achat suffisant pour accéder à l’alimentation.

Et la pauvreté est finalement le fruit d’un choix politique. Celui de décider de rémunérer justement les petits producteurs et de les protéger des produits importés, en fixant des droits de douane en vue de soutenir la production locale. De même, il appartient à la sphère politique d’investir davantage les enjeux de perte et gaspillage alimentaire.

Rédaction : Thaïssa Heuschen, bénévole

EN SAVOIR PLUS

Cet article est tiré du Supporterres n°2 de Décembre 2017 : « Le paradoxe de la faim, produire sans pouvoir se nourrir ». Pour en savoir plus sur ce paradoxe, n’hésitez pas à consulter le numéro complet.

https://www.sosfaim.be/le-paradoxe-de-la-faim/