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1 septembre 2022

Une agriculture moderne grâce aux savoirs locaux et ancestraux

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L’EXEMPLE DE VIIM BAORE AU BURKINA FASO

Dans les années 70, le Burkina Faso est marqué par une sévère sécheresse transformant le paysage en véritable désert et entraînant de grandes pertes de bétails ainsi que l’émigration de nombreux burkinabés. La mise en place de banques de céréales, suivie par celle du PRGSA (Programme Régional des Greniers de Sécurité Alimentaire), remonte à cette période. La coopérative VIIM BAORE, qui voit le jour en 2015 et qui regroupe plus de 400 greniers de sécurité alimentaire, poursuit le même objectif : approvisionner les villages en céréales afin que les populations puissent y rester malgré la faim.

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DEFIS D’HIER

Dans les années 70, au Burkina Faso pendant la période de sécheresse, les greniers de sécurité alimentaire approvisionnaient les villages en 3 types de céréales, à savoir : le petit mil, le sorgho et le maïs.

Plus tard, la création de la coopérative VIIM BAORE a coïncidé avec un changement majeur : la spécification du type de céréales selon les besoins de chaque village. Depuis 1992, SOS Faim finance les banques de céréales. Et ensuite, avec VIIM BAORE l’ONG participera à la lutte contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire. Bien que la coopérative continue de bénéficier du soutien financier de SOS Faim, elle nourrit actuellement une vision : une entière autonomie financière.

DEFIS D’AUJOURD’HUI

VIIM BAORE est située dans la région Nord du Burkina Faso, dans la province de Yatenga. Aujourd’hui, cette région fait face à une production céréalière insuffisante pour répondre aux besoins des ménages. La période de soudure, qui précède la récolte, est marquée typiquement par un épuisement des stocks et une flambée des prix – ce qui met à mal les moyens de subsistance des communautés. Pour répondre à ces périodes difficiles, les greniers de sécurité alimentaire s’assurent de maintenir accessible entre 3000 et 6000 tonnes par an de produits agricoles à un prix raisonnable.

Au fil des années, le plan stratégique de la coopérative a muté pour mieux répondre aux défis de notre temps. C’est ainsi qu’aujourd’hui, tout ce qui peut aider à lutter contre la faim est acheté. Cela inclut des céréales mais aussi des aliments tels que la patate douce et le niébé – pourvu qu’ils répondent aux besoins du village.

Se concentrer sur l’agriculture céréalière ne suffît plus : en effet, les céréales n’apportent que très peu de revenus contrairement au maraîchage, plus intéressant sur le plan financier.

La région Nord est une zone très sèche, marquée par l’appauvrissement des sols et la baisse des rendements agricoles. Dans un contexte de changement climatique, les produits et modes de production doivent changer.

Aujourd’hui, la recherche consiste donc à trouver des semences locales adaptées à la pluviométrie.

DEFIS DE DEMAIN

L’activité de la coopérative se heurte à deux problèmes majeurs : une pluviométrie qui échappe à tout contrôle et le manque de semences améliorées. Aujourd’hui, la recherche consiste donc à trouver des semences locales adaptées à la pluviométrie. À cet effet, VIIM BAORE travaille avec les paysans locaux afin de recenser les variétés de semences utilisées autrefois qui seraient les plus adaptées aux contraintes actuelles : la sécheresse et les maladies.

Là-bas, comme ailleurs, la mondialisation a entraîné le changement des habitudes alimentaires qui ont fait préférer des cultures qui ne sont pas spécialement les plus adaptées aux caractéristiques locales, comme le maïs par exemple, trop gourmand en intrants et en eau pour les sols burkinabés.

« Aujourd’hui les gens ne consomment plus de mil complet et retirent le son de leurs repas. Avec les publicités, les jeunes préfèrent manger des spaghettis et des macaronis… » regrette Amidou Ganamé, directeur général de la coopérative « il faut produire et transformer ici, ainsi il n’y aura pas de faim ». A comprendre « il faut donc produire des céréales adaptées aux réalités territoriales ».

Dans une logique de souveraineté alimentaire, VIIM BAORE a aussi entamé une transformation agricole en produisant du jus de pain de singe, de tamarin, de mangue, des galettes de petit mil, du couscous de maïs rouge ou encore de la pâte d’arachide. Dans la province de Yatenga, les principaux transformateurs sont des femmes. Ces actions ont donc également permis de donner plus de place aux femmes, qui permettent, dans ce cas, de renforcer des chaînes alimentaires durables, et qui sont des actrices importantes de l’économie monétaire de la ville de Ouahigouya.

Depuis 2021, VIIM BAORE accompagne aussi de jeunes producteurs dans la production de niébé agroécologique et de biopesticides locaux.

« Le changement climatique c’est nous d’abord, si nous changeons de comportement, nous pourrons lutter contre le changement climatique. La nature subit ce que nous sommes. »

Amidou Ganamé, directeur général de la coopérative VIIM BAORE.

Des céréales anciennes remises au goût du jour, la transformation agricole, l’agroécologie – un mariage entre savoirs ancestraux et locaux et innovation – ou, encore, l’emploi des femmes et des jeunes : au Burkina Faso, VIIM BAORE nous fait découvrir une agriculture moderne, vertueuse et en phase avec son temps.

Rédigé par Dieyenaba Faye & Yasmina Boutjadir, volontaires pour le Supporterres « Quelle modernité pour l’agriculture durable ? »