11 novembre 2024
Climat : les agriculteurs et agricultures des pays vulnérables paient le prix fort !
Lire la suite11 janvier 2024
Avec l’eau et le soleil, les sols agricoles constituent un des piliers de l’agriculture, qui est elle-même la source principale de notre système alimentaire mondial. Pourtant, la FAO estime que plus d’un tiers de nos sols agricoles sont dans un processus dangereux de dégradation. Toutes les régions du monde sont concernées mais elle affecte principalement l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Dans la plupart des cas, des pratiques agricoles inappropriées exposent les sols à l’érosion par le vent ou par les eaux de ruissellement ou encore à la salinisation.
Malgré un tableau mondial sombre, il existe des exemples de pays qui s’attaquent efficacement à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse. Ainsi, en quelques années, le Botswana a réduit la dégradation de ses terres de 36 à 17% de son territoire. Le pays s’est même engagé à parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres. Cet exemple illustre l’importance de politiques nationales fortes, soutenues par la coopération internationale dans le cas des pays les plus pauvres.
Plusieurs partenaires de Humundi sont également engagés dans des actions de conservation et de restauration de sols dégradés. C’est le cas notamment de l’ONG APIL, au Burkina Faso, dont l’action a permis, de 2017 à 2022, la récupération de plus de 3.000 ha de terres par la création de dispositifs anti-érosifs (ex : cordons pierreux) et l’application de matière organique en poquets (« zaï »), au bénéfice de plus de 7.500 producteurs familiaux (voir rubrique « On prend la température »).
Dans nos régions tempérées, où les sols sont moins fragiles et moins exposés aux événements météorologiques violents, le phénomène de dégradation est moins visible mais néanmoins existant. C’est le cas notamment des grands bassins céréaliers où le manque de fertilisation organique, du fait de l’éloignement des zones d’élevage, et la pratique de labours profonds réduit le taux d’humus et rend les sols plus fragiles.
Les sols jouent également un rôle important dans le stockage du carbone, sous forme d’humus. Or, il s’avère que les taux d’humus de nos sols ont sensiblement baissé aux cours des dernières décennies. Relever ces taux permettrait à la fois de recouvrer la fertilité de nos sols mais également de séquestrer des quantités importantes de carbone, pour lutter contre le réchauffement climatique. Diverses pratiques agricoles telles que l’application de fumure organique, le maintien d’une couverture végétale continue, la réduction des labours, la rotation cultures, l’agroforesterie, etc. permettent de les relever durablement. Plusieurs initiatives sont en cours de développement en vue d’encourager les agriculteurs à adopter de telles pratiques à travers divers mécanismes de rémunération.
Cependant, il faut être conscient que la formation d’humus est un processus complexe, aux résultats parfois incertains : par exemple, une sécheresse prolongée pourrait provoquer une minéralisation rapide de l’humus, annihilant les effets des pratiques précitées. C’est pourquoi les organisations agricoles plaident généralement pour des systèmes qui rémunèrent les pratiques plutôt que la séquestration effective de carbone.
Rédacteur : François Vandercam, responsable des programmes au Burkina Faso