12 mai 2025
À Gaza, la faim est une arme de guerre : Humundi appelle la Belgique et l’UE à réagir
Lire la suite15 mai 2025
L’agriculture européenne traverse une crise profonde. Face à une concurrence internationale de plus en plus déloyale et à des politiques agricoles qui mettent en difficulté les petites exploitations et menacent la santé des consommatrices et consommateurs, il devient urgent d’agir. Une étude que nous avons réalisée avec le CNCD-11.11.11 et Entraide & Fraternité met en lumière un outil encore trop peu utilisé mais prometteur pour rétablir l’équité dans les échanges commerciaux agricoles : les mesures miroirs.
Depuis plusieurs décennies, les politiques agricoles européennes misent sur la libéralisation des échanges, au nom de la compétitivité. Mais cela a surtout conduit à une baisse des prix, à une pression croissante sur les normes sociales et environnementales, et à des revenus agricoles en chute libre.
Résultat : les agriculteurs et agricultrices doivent affronter la concurrence de produits importés fabriqués dans des conditions qu’ils n’ont pas le droit d’imiter ici, en Europe.
Les récentes mobilisations agricoles l’ont clairement exprimé : il faut reprendre le contrôle sur ce que nous importons.
« Les mesures miroirs sont un outil à considérer pour protéger à la fois les revenus des agriculteur·ices et la santé des consommateur·ices européen·nes » résume Jonas Jaccard, chargé de plaidoyer chez Humundi et co-auteur du rapport.
Souvent confondues avec les clauses miroirs, les mesures miroirs sont des règles adoptées par l’UE elle-même, qui imposent aux produits importés de respecter les mêmes normes que celles imposées aux producteurs européens — qu’il s’agisse d’environnement, de santé ou de conditions de travail.
Elles ne servent donc pas à « verdir » les accords de libre-échange, mais à conditionner l’accès au marché européen au respect de certaines normes (environnementales, sociales, sanitaires), dans une logique de réciprocité et de cohérence politique.
Cela signifie par exemple :
1. Pour mettre fin à une concurrence injuste
Aujourd’hui, des filières comme le bœuf, le colza ou la pomme souffrent d’injustices flagrantes:
Ces disparités fragilisent l’agriculture européenne et sapent la confiance des consommateur·ices envers nos institutions.
2. Pour soutenir une agriculture plus durable
En imposant les mêmes normes à tous, les mesures miroirs peuvent :
3. Pour promouvoir un commerce plus équitable
En encourageant des normes communes, l’Union européenne pourrait impulser une dynamique vers un commerce international plus juste, où les droits humains et l’environnement sont mieux protégés.
L’étude souligne malgré tout que mal conçues, ces mesures peuvent aggraver les inégalités en excluant du marché européen les petit·es producteur·ices du Sud global qui n’ont pas les moyens de s’adapter à ces nouvelles règles.
L’étude insiste sur la nécessité :
« Le poids de notre transition ne peut en aucun cas reposer sur les agriculteur·ices de petite surface des pays partenaires », rappelle Jonas Jaccard.
« Nous devons les accompagner si nous voulons qu’ils puissent eux aussi répondre à ces exigences. »
L’étude propose plusieurs recommandations concrètes :
Les mesures miroirs ne sont pas une solution magique, mais elles constituent un levier stratégique puissant pour rendre notre système alimentaire plus juste, plus sain et plus respectueux de la planète.
Si l’Union européenne veut être cohérente avec ses propres valeurs, il est temps qu’elle intègre pleinement les mesures miroirs dans sa politique commerciale.
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