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12 décembre 2022

Pesticides et commerce toxique

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(c) Laughing mango

« Stop au commerce cynique de pesticides interdits ! »

On peine vraiment à y croire, tant l’histoire est choquante : alors que l’Union européenne interdit l’utilisation, sur son sol, de pesticides toxiques et ce parfois depuis plusieurs dizaines d’années, elle continue néanmoins d’en autoriser la production et l’exportation vers des pays tiers.

Voilà qui est déjà incroyablement hypocrite. Mais c’est en outre particulièrement cynique lorsqu’on sait que les pays de destination sont, pour la grande majorité, à revenu faible ou intermédiaire et donc prêts à réduire contrôles et réglementations pour nourrir leur population. 99% des décès dus aux pesticides ont d’ailleurs lieu dans ces pays. Le comble : ces pesticides toxiques, utilisés dans les champs de soja du Brésil ou dans des plantations d’huile de palme en Indonésie, se retrouvent ensuite dans nos assiettes via les produits importés.

Alors certes, sur ce sujet des pesticides, il faut apporter un peu de nuance : en effet, il ne faut pas oublier que le « chimique » souvent diabolisé est présent dans la nature, que les pesticides ont à la fois permis d’augmenter les rendements et de réduire les tâches pénibles comme le désherbage et que les risques ne sont pas les mêmes selon qu’on est  exposé via l’épandage ou via la consommation. Il faut aussi accepter qu’un temps de transition puisse être nécessaire pour des agriculteurs.trices mal conseillé.e.s ou peu accompagné.e.s.

Mais il n’en reste pas moins que les chiffres sont là : chaque année, on dénombre 385 millions d’intoxications et 11 000 décès imputables à leur utilisation ; 80% des échantillons de sols prélevés dans 11 pays européens présentent des traces de pesticides ; 4 multinationales se partagent 2/3 du marché mondial et font des profits colossaux : 57 milliards de dollars soit le PIB du Costa Rica, dont 35% viennent de ce commerce de produits classés comme « extrêmement dangereux ».

C’est d’autant moins acceptable que des alternatives existent et qu’une étude a même montré qu’une Europe agroécologique nourricière et même exportatrice est possible. Avec les pesticides, c’est aussi la question plus large de l’esprit du monde auquel nous aspirons qui se pose : celui qui tue le vivant et aspire à le remplacer sans y parvenir ou celui qui célèbre sa créativité et en utilise la force et l’intelligence pour durer dans le temps?

Il est plus que temps de stopper ce commerce cynique : la Belgique, dont l’usine de Seneffe produit une partie des 4000 tonnes exportés chaque année, doit s’engager à y mettre un terme. Pour cela, elle doit entendre notre voix, votre voix ! Signez notre pétition sur www.stop-pesticides.be

Rédactrice en chef : Géraldine Higel

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Supporterre N°22

Pesticides et commerce toxique