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18 mars 2021

Rencontre avec le Ministre-Président Rudi Vervoort contre l’accord de libre-échange UE-Pérou

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Ce mercredi 17 mars, notre responsable du plaidoyer, François Graas, a rencontré le Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles Capitale, Rudi Vervoort à qui il a remis plus de 5300 signatures d’une pétition lui demandant de prendre position contre l’Accord de libre-échange négocié entre l’Union européenne et le Pérou, la Colombie et l’Equateur et appliqué à titre provisoire depuis 2013.

La pétition, qui a été lancée en octobre dernier à l’occasion du Festival Alimenterre, se base sur une étude commanditée par SOS Faim et son partenaire péruvien, CONVEAGRO, visant à mesurer l’évolution du commerce de produits agricoles entre le Pérou et l’UE depuis cette libéralisation des échanges. Le constat est clair et inquiétant pour l’agriculture paysanne !

Un accord commercial qui met en danger l’agriculture paysanne au Pérou

Cet accord commercial a eu des conséquences socio-économiques désastreuses pour 95% de paysannes et paysans du Pérou qui voient arriver sur leur marché des produits alimentaires de l’UE (comme du lait en poudre ou des frites surgelées) vendus à des prix avec lesquels ils ne peuvent pas rivaliser.
Dans l’autre sens, l’agro-industrie péruvienne exporte des quantités énormes de fruits et légumes vers l’Union européenne, sans aucun bénéfice pour les paysans et les paysannes du Pérou, qui vivent pour la plupart dans une grande pauvreté et ne reçoivent aucun soutien de leur État.

Depuis l’entrée en vigueur à titre provisoire de l’Accord de libre-échange, 26.000 tonnes de pommes de terre frites surgelées en provenance des Pays-Bas et de la Belgique, sont exportées chaque année vers le Pérou, le pays d’origine de la pomme de terre. Ces exportations européennes ont un réel impact sur le marché local, puisque les produits européens bénéficient des subventions de la politique agricole commune (PAC) de l’UE, ce qui pousse les prix de la pomme de terre locale vers le bas. Au-delà de cette concurrence déloyale, nous dénonçons aussi l’impact environnemental de cet accord commercial qui ne bénéficie qu’aux industriels des deux côtés de l’Atlantique.

On constate que cet accord de libre-échange, signé par l’Union européenne, favorise une fois de plus l’agro-industrie au détriment de l’agriculture de petite échelle et plus durable. Il faut qu’on s’interroge sur le modèle qu’on a envie de soutenir. Est-ce que cela a vraiment du sens d’envoyer des pommes de terres cultivées chez nous dans des sachets en plastique, surgelées, de l’autre côté de la planète vers un pays où la pomme de terre est déjà cultivée ? »Eloïse De Keyser, chargée de plaidoyer chez SOS Faim

Une pétition appelant nos gouvernements à ne pas ratifier l’Accord de libre-échange UE-Pérou/Colombie/Équateur

À ce jour, tous les États de l’UE ont ratifié l’accord sauf un : la Belgique ! Pour conclure la procédure, notre pays a besoin de l’assentiment du parlement fédéral et de celui de chacune des entités fédérées. Et tant la Région de Bruxelles-Capitale que la Fédération Wallonie-Bruxelles doivent encore se prononcer.

Lors de notre rencontre, le Ministre-Président, Rudi Vervoort, s’est montré sensible à la problématique et à l’écoute de nos préoccupations concernant cet accord commercial. Le Président de la Convention nationale pour l’agriculture au Pérou (CONVEAGRO), Clímaco Cárdenas, a également adressé un message fort au Ministre-Président par le biais d’un enregistrement vidéo. Par son témoignage, il a rappelé l’impact négatif et dévastateur du traité de libre-échange sur plus de 700 000 familles de petits producteurs de pommes de terre et 450 000 éleveurs laitiers.

Selon les dires du Ministre-Président, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale est dans l’attente d’une étude commanditée par la Commission européenne, dont l’objectif est de mesurer l’impact de cet accord commercial après plusieurs années de mise en œuvre provisoire.

Le vote au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale de ce traité de libre-échange n’est toujours pas à l’agenda, mais nous resterons attentifs et poursuivrons notre travail de plaidoyer afin que cet accord commercial soit revu pour garantir un développement durable et bénéficier à l’agriculture paysanne.