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11 janvier 2024

Conservation et restauration des sols au Burkina Faso

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En 1998, un groupe de Burkinabés décident de créer l’ONG APIL, Action pour la Promotion des Initiatives locales et depuis lors, ce sont des milliers de personnes qui bénéficient de leur expertise. Elle agit dans les régions du Centre Nord ainsi qu’au Plateau Central du Burkina et dans un climat d’insécurité mais aussi de changement climatique fort et d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. La population y est majoritairement féminine et jeune, c’est aussi la population la plus déplacée.

promotion, formation, mise à disposition

Au Burkina Faso, 86% de la population active est agricultrice, c’est l’activité économique principale. L’agriculture a une grande place dans le PIB. Elle est principalement pluviale c’est-à-dire qu’elle suit le rythme de la saison des pluies de mai à mi-octobre à l’inverse de l’agriculture d’irrigation. Cependant, les sols burkinabés souffrent d’érosion, du changement climatique et d’une baisse de la fertilité.

C’est dans un tel contexte qu’APIL met en place des projets qui visent la sécurité alimentaire en autonomie des populations tout en promouvant une agriculture agroécologique ainsi qu’une gestion durable de l’environnement. Ainsi, par exemple, elle met à disposition des terres, des semences et du matériel pour les populations déplacées internes.

L’ONG vise aussi l’émancipation des femmes par l’apprentissage de la gestion des terres. APIL accompagne ainsi la formation des agriculteur.rices pour leur permettre d’agir en autonomie par la suite.

la restauration des terres degradées

APIL est active dans une zone où le potentiel de l’agriculture pluviale est assez limité, compte tenu des conditions pluviométriques et notamment des épisodes d’humidification-dessiccation (le fait que la terre se dessèche pendant une longue période et connait ensuite de grands épisodes de pluie). Mais la fertilité des sols y est aussi peu favorable.

Les actions de l’ONG se concentrent beaucoup autour du maraîchage, activité qui présente un grand potentiel économique là où l’eau est disponible en saison sèche. Mais elle agit aussi au niveau de l’agriculture pluviale, qui reste l’activité de base de la plupart des producteurs.trices et reste pratiquée à une échelle nettement plus large. L’APIL a ainsi appuyé de nombreux villages dans la conservation des eaux et des sols ainsi que dans la restauration des sols.

Cordons pierreux, demi-lunes et zaï

Son secret ? La diffusion de techniques qui ont fait leurs preuves. La première est celle du cordon pierreux qui consiste en un empilement de pierres de façon linéaire sur les surfaces agricoles. Le but de cette technique est de stopper en partie l’écoulement de l’eau pour permettre sa meilleure infiltration dans le sol et de profiter des minéraux et matières organiques transportés par l’eau.

La deuxième technique est celle de la demi-lune. Les agriculteur.rice.s creusent un trou en forme de demi-lune et utilisent la terre pour en faire une barrière qui stoppe le vent dans un sens et l’écoulement de l’eau dans l’autre.

Troisième technique, le zaï qui consiste en une série de trous creusés durant la saison sèche dans lesquels sont déposées les semences. A la saison des pluies, le trou agira en poche d’humidité qui évitera l’évaporation rapide des eaux.

Ces trois techniques permettent d’utiliser des terres très abimées et d’assurer un plus grand rendement durant la saison des pluies afin de faire des réserves pour le reste de l’année.

UNE PRéOCCUPATION NATIONALE

La dégradation des sols est un problème reconnu au Burkina, impliquant beaucoup d’acteurs, à commencer par le gouvernement. En mai 2019, il a ainsi doté le pays d’une « stratégie nationale de restauration, conservation et récupération des sols » à l’horizon 2024. Son objectif ? Réduire/inverser la tendance de la dégradation des sols en vue d’accroître leurs capacités productives et permettre de « pratiquer une agriculture moderne, plus compétitive, durable, résiliente afin d’assurer à tous les burkinabé un accès aux aliments nécessaires pour mener une vie saine et active. »

Elaborée de manière participative et inclusive en impliquant l’ensemble des acteurs concernés, cette stratégie s’appuie sur 4 axes : soutien aux actions de conservation et restauration des sols, renforcement des capacités des acteurs d’appui-conseil et des producteurs.trices, appui aux actions de recherche-développement et promotion de techniques culturales innovantes et intégration des actions et mise à l’échelle des techniques éprouvées et adaptées.

L’année prochaine sera l’occasion de réaliser un bilan de cette stratégie et de son impact sur les sols burkinabè. Un bilan positif, on l’espère.

L’ONG APIL en quelques chiffres :

  • 3400 ha de surfaces cultivables aménagées
  • 1875 maraîcher.ère.s soutenu.e.s
  • 433 ha de cordons pierreux (215 ha), demi-lunes (175 ha) et zaï (43 ha)
  • 225 femmes autonomes dans la gestion de leurs activités

Rédactrice : Chloé Tuerlinckx